Niger, Alger menacée de perdre son jouet au Sahel
par Chekib Abdessalam
Cette fois, le loup est sorti du bois, Alger est débusquée. Au delà de ce que les médias qualifient de nerfs des guerres, n’est-ce qu’un effet collatéral ? Intervention militaire ou pas au Niger, Alger aura vite été poussée dans ses retranchements. En effet, le président algérien, représentant de la junte militaire des Taggarins, s’est exprimé dans une allocution télévisée.
Le Nigeria menace-t-il la profondeur stratégique d’Alger ?
Alger assume-t-elle sa position de chef de file de ses confrères putschistes du Sahel ? La junte militaro-financière d’Alger est en alerte, sur le pied de guerre ou plutôt tremblante de ce qui pourrait finalement se transformer pour elle en épreuve de vérité. Le chouchou et relais de Moscou dans la région craint une situation qui le démasquerait encore plus vis à vis de la communauté internationale et vis à vis de ses pairs africains qu’elle a l’impudence de regarder de haut. Du haut de ses pétro-dollars et de son orgueil mal placé dans un verbiage surranné. Le système politico-militaire d’Alger, avec tant de sang sur les mains depuis 3/4 de siècle, peut-il encore s’ériger en donneur de leçons ?
Alger, base d’appui de la Russie
La Corée d’Afrique du Nord ou Régence d’Alger, temple de l’assassinat politique, de la torture à la chignole (Ben Aknoune), repaire de brigands en treillis, tueur de la presse libre et de la liberté d’expression, mais aussi tueur de ministres et de chef de l’État (Mohamed Boudiaf), champion de la langue de bois et de propagande mensongère grossière, constitue le plus vaste cimetière d’Afrique de ferraille de matériels russes et même soviétiques divers et variés. Les micros enregistreurs de la villa camouflée sous ses bougainvilliers du Parc Gatliff à Alger, quartier général de l’ex-KGB en Afrique du Nord, peuvent sans doute témoigner d’une véritable résilience à l’égard d’un régime déliquescent et d’une armée algérienne - ANP - à moitié désossée en proie au fléau permanent de la corruption, de la lutte des clans, général par général, de la drogue, de la violence et de l’incompétence, car une telle situation lui permet de contrôler tout un pays selon des techniques et des relations bien rôdées du Club des Pins, de Mers-el-Kébir à Tamanrasset en passant par Tindouf.
Le même drapeau flotte sur cette villa des hauteurs de la capitale algérienne que celui qui est brandi par les fans et complices des mercenaires de Wagner au Mali, en Centrafrique, à Madagascar, en Biélo-Russie, au Burkina-Faso ou au Niger, depuis qu’un général, élément déclencheur, de la garde présidentielle de Niamey s’est senti menacé de perdre son poste.
L’erreur de trop des tirailleurs
Le général Tiani aura poussé l’armée nigérienne à valider son putsch de palais. Soutenu, pas soutenu par Alger. Le double language d’Alger dans la conjoncture actuelle ne tient plus la route. En raison des tensions et du contexte à la fois régional et international, Alger pourra de moins en moins louvoyer sournoisement entre “retour à l’ordre constitutionnel” et soutien de ses alter ego putschistes. Alger est condamnée à n’être qu’une girouette qui vire-volte au gré des virages à 360 degrés de ses routes à nid de poule.
Niamey, manipulation de la foule
Expiration du délai de la CEDEAO, manifestation pro-junte à Niamey, des gladiateurs et la plèbe romaine dans un stade qui porte le nom de l’ancêtre putschiste (Seini Kountché), dans les rues des groupes de surveillance de civils fanatisés, embrion de futures milices, portant tee-shirt à l’effigie du général Tiani, on se croirait en Amérique centrale ou chez les Tontons Macoutes.
Alger, amoureuse de ses frontières coloniales
On est toujours dans le “fait ce que je dis pas ce que je fais”. En effet, si Alger est plus colonialiste que l’ex-colonialiste, c’est que ce dernier est l’ancien colon tandis qu’Alger est son héritier, c’est à dire le colon actuel, avec bien sûr une vague coloration russo-populiste en fin de vie, du moins en ce sens que plus personne n’y croit. Alger est ringarde, usée, vieillote, trois fois ringarde, mille fois ringarde et ce qui est trés interressant, c’est qu’elle ne s’en rend même pas compte. Manque de finesse de la part de grossiers personnages que sont les généraux mafieux algériens repus de gras et de pétro-dollars volés au Sahara.
La réthorique du socialisme “pour le peuple et par le peuple” accompagne la féroce tyrannie des rentiers du pactole du pétrole et du gaz sahariens détournés, organisés depuis le coup d’État initial du 21 septembre 1962, et du 19 juin, jour férié, en dictature militaire qui ne voulait pas dire son nom pour ne pas se saborder elle-même avant d’avoir assuré la “grande bouffe” ou le banquet où se déverse un baril de pétrole et ses dividendes en comptes bancaires off-shore et en partage local de la carcasse de ce qui reste de la bête de génération en génération. En effet, on est en droit de se demander ce qu’il en reste de cette bête hydrocarburée immolée au pays des sables qui ne lui a jamais appartenu, où depuis 70 ans, la nomenclatura, militaire et civile, compradore, organise des orgies au mariage de ses enfants à coup de 300 et jusqu’à 600 moutons méchouis par noces, pour exemple dans des villas luxueuses à Timimoun pendant que les populations sahariennes locales sont destinées au sous-développement endémique.
Parlons-en des moutons, Alger cimetière du mouton ? Oui, l’Algérie française, ce pays créé par l’Administration française au temps des Bugeaud et autre Lamoricière, Saint-Arnaud, Pélissier, se retrouve en 1962, lorsque d’autres militaires français seront au sommet des crêtes, généraux de leur état, cinq étoiles, mais parfois aussi simple général de brigade, avec une population de 9 millions d’indigènes, prés de trois millions de pieds noirs, de patos et de militaires (actis ou conscrits) au pays de plus de dix millions de moutons, ces derniers étant majoritaires. En quelques années, aux temps du colonel Mohamed Boukharouba, alias Houari Boumedienne, ce cheptel ne comptera plus qu’un million et demi de têtes. Politique de la terre brulée oblige. Qu’à cela ne tienne, il restera toujours le pétrole à partager avec les protecteurs des deux camps, l’Est et l’Ouest.
Aujourd’hui, Alger c’est plus de quarante millions d’habitants dont certaines femmes fouillent dans les poubelles en plein centre de la capitale pour se nourrir, et d’autres qui survivent grace aux miettes de la rente concédées et moins de quatre millions d’habitant Sahariens exclus (“baqi elbled”, le reste du bled), oppressés, et avant tout, dépossédés du pétrole et des autres richesses du sol et du sous-sol du Sahara.
Fin de l’ultimatum de la CEDEAO
Inquiétude, réserves, Abdelmajid Tebboun considère qu’une intervention au Niger serait une menace directe pour l’Algérie. En direct à la télévision, il pleure presque, il est tout rouge, pourquoi ? Qu’a-t-il à se reprocher ? Qu’a-t-il à voir de si important avec l’État sahélien du Niger ? N’est-ce pas une question qui concerne la CEDEAO ? Pourquoi le Niger et le Mali se devraient être profondeur stratégique de l’Algérie ? N’est-ce pas un anachronisme lié au tracé colonial des frontières sahariennes qui font que In Guezzam, ville frontière de la régence d’Alger avec le Niger, est plus proche de Cotonou sur le golfe de Guinée que d’Alger, ancien port barbaresque (pirate) de la méditerrannée ?
Pourquoi ces originalités ou de telles incongruités territoriales ? Élémentaire mon cher Watson :
- 1 - le Sahara est l’ancien terrain d’expérimentation des armes spéciales françaises,
- 2 - le Sahara oriental, le grand Touat, terre marocaine millénaire aura refusé le nucléaire en son temps par la voix du sultan Mohamed V, et donc exit de la carte,
- 3 - le Sahara, terre TOUAREGUE millénaire est maintenant colonisé par les “Chnaouas”, morcelé, sectionné au scalpel, ou à coups de crosses, sans pitié.
Le président A. Tebboun dit “L’option militaire n’a jamais été une solution, regardez ce que cela a produit en Syrie et en Libye”, puis il ajoute “Aucune solution au Sahel ne peut être prise sans notre pays. L’Algérie n’utilisera jamais la force contre ses frères et voisins et ne tolère pas le versement de leur sang”. Les assassins notoires d’Alger et chefs d’ateliers de fabrication de jihadistes nous feraient presque pleurer à notre tour.
Le destin des frontières coloniales de l’ancien empire
Alger devrait sagement désormais se contenter des départements français d’Oran, Alger et Constantine car, en effet, le Sahara ne lui appartient pas même si la France autrefois lui en a fait “un mauvais cadeau” (dixit président Ahmad Ben Bella) et par conséquence tout voisinage de l’ancien repaire des pirates de Barberousse avec le Niger ou le Mali n’a pas lieu d’être. Ex-pseudo-régence ottomane, Alger n’a pas à se mêler des affaires africaines sahélo-sahariennes. Elle n’est d’ailleurs pas membre de la CEDEAO. Elle n’a jamais demandé à en faire partie, trop orgueilleuse et trop nulle pour cela.
Qu’en es-t-il des frontières actuelles de la junte d’Alger ? Il s’agit d’une véritable passoire, une autoroute pour les agents et protégés de la DRS (Direction du Renseignement et de la Sécurité, anciennement Sécurité militaire) mais également un mur de Berlin pour l’Afrique. Explication :
- les transfuges du DRS et de ses faux jihadistes peuvent franchir les frontières avec le Niger en toute latitude mais aussi les frontières avec le Mali, la Lybie, la Mauritanie et la Tunisie,
- les trafiquants en tout genre notament de cocaïne, d’armes, de carburant, de denrées alimentaires, de pièces détachées, d’or, et contrefaçons diverses, traversent allègrement les frontières depuis un demi siècle,
- les migrants subsahariens eux sont expulsés par l’armée algérienne au rythme bi-mensuel par centaine et parfois par milliers,
- les réfugiés Touaregs des sécheresses du Sahel et de l’Azawad, notamment les Daou Issahak, les Kel Adagh, etc, sont aussi régulièrement abandonnés aux alentours d’Assamaka et d’Agadez en plein Ténéré,
- les Touaregs de l’Azawad seront massacrés par Dibi exécuteur de Modibo Keita à 200 kms à l’intérieur des frontières,
- un mur appelé “remblai” est construit par l’ANP à Tin Zaouaten qui assassinera à bout portant le jeune adolescent touareg Ayoub Ag Aji (le 15 juin 2020) et d’autres à Janet, à Borj Baji Mokhtar et In Guezzam à la frontière du Niger.
De facto, la question touarègue ressurgit lorsqu’Alger réaffirme ses véléités de domination exhorbitante sur la région quasiment considérée comme l’arrière-pays de la junte militaire d’Alger et comme une sous-préfecture algérienne ayant pour capitale Gao (et pourquoi pas Agadez ? conférer Accords de Tamanrasset années 90), ayant pour siège un consulat semi fantomatique sans numéro de téléphone de la régence d’Alger dans la ville de la boucle du Niger qui s’adonne à la résolution de prises d’otages monnaie trébuchante à l’appui.
Ainsi, on comprend mieux pourquoi, selon Afrik.com, Alger se désolidarise de la CEDEAO. Tandis que Mohamed Bazoum appelle au secours les USA, la CEDEAO lorgne sur le compte à rebours. Le Niger ferme son espace aérien. À quand la prochaine valse de généraux algériens au Sahel et la reprise de navette des valises diplomatiques bien bourrées ?
https://www.afrik.com/option-militaire-au-niger-l-algerie-se-desolidarise-de-la-cedeao
Tandis que d’autres, s’interrogent encore pour savoir si Wagner (autrement dit la Russie) est impliquée.
https://www.courrierinternational.com/reveil/2023-08-06#article-1
Le président du Nigeria et de la CEDEAO en exercice Bola Ahmed Tinubu
Les trois mousquetaires, et Dartagnan ?
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