Instrumentalisation de la mobilité et immigration clandestine en Algérie

Instrumentalisation de la mobilité et immigration clandestine en Algérie


par Abderrahmane Mekkaoui et Chekib Abdessalam



Vérité sur l’instrumentalisation de l’immigration clandestine en Algérie

Contrairement aux slogans du système politico-militaire algérien concernant l’immigration clandestine africaine, les observateurs soulignent que depuis 1962, date de l’indépendance de ce pays factice auquel la France a annexé le Sahara en dernière minute afin d’y préserver ses intérêts, les algériens ont eu un comportement inadéquat voire raciste et inhumain avec même leur propre population de couleur. Au Sahara, dés les années soixante, on compris qu’il s’agissait de nouveaux colons. Jusqu’aux cheikhs du Touat et de l’Adrar des Ifoghas, les plus perspicaces avaient déjà prédit ce fait accompli de même nature que celui des essais nucléaires agréés par l’ancien et par le nouveau colon. Ce dernier ayant hérité des plus mauvaises tares de son ancien occupant et non point de qualités inhérentes à l’espèce humaine, Alger va s’attacher, mordicus, à diviser et à dominer bien plus encore que ne l’eut fait son prédécesseur.

Il pourrait s’agir du syndrome du colonisé ou du zèle du néophyte.

Ainsi, outre la brutalité et l’empêchement de toute expression libre, le régime d’Alger sème la zizanie entre les régions, entre les éthnies et chaque composante sociale des sociétés locales. Le but est l’embrigadement et l’uniformisation d’une masse de clones ou de bétail docile, soumis et corvéable à merci. Ainsi pourraient se résumer nombre de ce qui nous fut présenté pour révolution dans les post-indépendances africaines.

En Ahaggar, pour exemple, très rares sont les mariages entre un hartani (africain de couleur, en majorité sahariens) et une fille « blanche » du Tell (Nord de l’Algérie). Peu d’officiers, voire de sous-officiers et de soldats, sont enrôlés dans l’ANP et les services de renseignements. La majorité des Haratines qui s’engagent dans l’armée le font pour des raisons socio-économiques (chômage, marginalisation, démographie et pauvreté). Ceux qui restent sur le banc du chômage dans les régions arides, sont orientés vers le secteur informel local ou la contrebande transfrontalière juteuse au profit des officiers et des sous-officiers de l’armée, gendarmerie, police, bref tout ce qui porte un uniforme et donc un pouvoir compris comme celui résultant de l’impunité (cocaïne, cigarettes, psychotropes, carburant, denrées alimentaires, médicaments, etc.). Une minorité de Haratines est considérée comme auxiliaire des services de renseignements algériens (DRS). Ils sont utilisés comme facteurs de division et comme courroies de transmission et de surveillance des tribus touarègues et arabes nomades (outil de gouvernance despotique et arbitraire dans le Grand Sahara).

La peur du nomade

Le système politique algérien se méfie énormément de cette population nomade du Sahara en raison de sa défiance à l’égard des militaires algériens et de son attachement à sa propre identité historique marocaine et de son savoir ancestral transmis par le savoir de chaque tribu et chaque fraction de tribu échappant ainsi au contrôle du nouveau colon africain. En raison, aussi et surtout, de son attachement à des valeurs de courage, d’honnêteté, de justice et de franchise, valeurs cardinales complètement remisées au placard par les autorités d’Alger dont le seul but existanciel demeure de faire le maximum de profit, le plus vite possible, à moindre frais et si possible en s’adossant à la rente pétrolière saharienne qui permet de s’adonner au moindre effort. Inconciliable avec l’honneur, la dignité et la pudeur des Imouhar et des grands nomades sahariens.

La segmentarité tribale et ethnique est pervertie en instrument de division de la société saharienne en accordant un pouvoir apparent aux Haratines sur tous les segments de la population alors qu’initialement elle a pour vertu d’unir tout un chacun de manière durable tout en respectant l’histoire et la personnalité de chacun. Sans généraliser le phénomène, l’instrumentalisation de cette catégorie sociale ne se limite pas simplement aux basses besognes pour propager la répression et la peur au sein des habitants, mais les présente comme des supplétifs de surveillance et de contrôle des gisements de minerai, notamment les mines d’or officielles et clandestines.

En raison de la propagande de l’administration algérienne de Ben Bella et de Boumédienne, certains Haratines ont subi un bourrage de crâne sans précédent, moyennant quelque privilège ou passe-droit, contre leurs propres frères du Sahara. Cette situation les a poussé, vers une idéologie populiste, à se rebeller contre les hiérarchies traditionnelles fondées sur les rituels précis et religieux des habitants notamment dans le domaine agricole, commercial et sociétal. Ces fractures, en amont et en aval, de la société du Grand Sahara ont favorisé l’émergence des Haratines au détriment de la population locale et ont, plus tard, facilité la mise en place de liens occultes entre cette catégorie de la population et les réseaux de trafiquants en tous genres, dont, notamment, les séparatistes du Polisario, et surtout avec la délinquance en col blanc ou en treilli, c’est à dire les autorités administratives et militaires. À propos des flux relativement récents des Haratines, bien que le sujet reste vaste, il est à souligner qu’en 1875, l’Aménokal des Touaregs, El Haj Ahmed Al Bekri, Ifoghas n’Ahaggar, va solliciter, en raison de leur expertise, la contribution des Haratines du Touat et de Tombouctou en vue de participer à la mise en valeur des terres agricoles de l’Ahaggar durant une période climatique favorable (abondance en eau), notamment dans les centres d’Idéles et de Tazrouk qu’il va promouvoir. À Idéles, le centre agricole du 19e siècle va se développer dans une zone trés fertile en raison du volcanisme des Imenzaz aux terres trés fertiles et de l’importance stratégique du lieu sur la grande piste historique des caravanes Tombouctou-Ghadamés. Ancien caravansérail, le quartier ouest d’Idéles porte jusqu’à aujourd’hui le nom de Tombouctou. Aujourd’hui viennent transiter non loin de là, les migrants clandestins. La régence d’Alger s’en méfie tout autant.

Comment l’Algérie gère-t-elle l’immigration clandestine ?

L’Armée Algérienne gère d’une manière verticale, répressive et injustifiée les Africains ayant franchi les frontières désertiques de ce « pays-continent », annexés, par la grâce d’un pouvoir discrétionnaire, du pétrole et de l’atome, à Alger par la France, nous ne le répèterons jamais assez.

En fait, il y a deux types de frontières dans le Grand Sahara : la frontière cartographique et la frontière réelle. La première est tracée à la règle par le général de Gaulle sur des cartes de papier, sans connaître des réalités sociales et historiques de la Région et au mépris du Droit International. Ce découpage territorial colonial a débouché sur la constitution d’États fragiles présents uniquement dans les villes et les chefs-lieux tant en Afrique du Nord qu’au Sahel et en Afrique de l’Ouest. La seconde frontière, bien réelle, celle-ci, est caractérisée par l’existence de deux univers parallèles, naturels, humains et politiques qui semblent coexister avec méfiance depuis les indépendances et dont la mobilité sociétale (nomadisme) dépend des ressources et des richesses du vaste espace désertique. Ces deux entités ne se reconnaissent pas, l’une et l’autre, en raison des problèmes économiques, politiques et ethniques induits et d’un passif exhorbitant d’exactions et de crimes impunis multiples devenus pour les gouvernants imposés une seconde nature.

Aujourd’hui un nomadisme ou plutôt une mobilité d’un nouveau genre fait irruption sur les grandes étendues sahélo-sahariennes, le flux et reflux de migrants économiques, climatiques et politiques.

Rêve et cauchemar pour tous

Les immigrés clandestins venant de toute l’Afrique, rêvent au départ d’atteindre l’Eldorado européen. Cependant, ce rêve se transforme en cauchemar après une traversée infernale du désert suivie d’un mauvais accueil dans les centres de rétention libyens, tunisiens mais aussi algériens. Les immigrés clandestins fatigués, souvent trés affaiblis, subissent des interrogatoires musclés de la part de la gendarmerie et des services de renseignement locaux. Les wilayates de Tamanrasset, d’In Guezzam, d’Adrar, de Borj Baji Mokhtar, de Janet, constituent les destinations privilégiées des immigrés dont la répartition se fait en fonction de leur forme physique et de leur savoir-faire dans le domaine des mines, de l’agriculture et du bâtiment. Les Ghanéens, les Maliens, les Nigériens, les Soudanais, les Congolais, sont souvent contraints de travailler dans les gisements d’or clandestins encerclés par l’armée. Une autre catégorie d’Africains, dépouillés de leurs biens et de leurs téléphones portables, réussit pourtant à atteindre les grandes villes du Nord (Alger, Annaba, Béjaïa, Constantine, Skikda etc.). Les hommes se convertissent dans le bâtiment, dont les chefs de projet sont des Chinois (L’ingénieur chinois préfère un clandestin africain à un Algérien, plutôt paresseux puisqu’il vit depuis 60 ans sur la rente pétrolière d’un autre pays : le Sahara). Les femmes immigrées, véritables esclaves modernes, sont exploitées sexuellement, violées, battues et employées comme servantes dans des foyers algériens sans rémunération ou presque. Une dernière catégorie, tombe dans les griffes de la mafia locale, qui les rançonne avant destination soit vers la méditerranée, soit vers la frontière algéro-marocaine. Ceux qui ne peuvent pas payer les passeurs du littoral qui demandent 85 millions de centimes algériens, sont orientés vers la localité de Lalla Maghnia, limitrophe du Maroc.

Soulignons que, malgré la fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc depuis 1994, et malgré les tranchées, les barbelés électrifiés, les caméras et la brutalité des G.G.F (Gardes Frontières), l’A.N.P a laissé des passages secrets pour permettre le passage des immigrés clandestins, de la drogue et des psychotropes, comme l’a bien décrit l’adjudant-chef Guernit Bounouira, récemment condamné à mort, ancien adjudant-chef à la retraite et ancien secrétaire particulier d’Ahmed Gaïd Salah, ancien chef d’état-major de l’Anp (armée algérienne).

En conclusion, soulignons que, dans ce contexte, les événements dramatiques qu’a connu le point de passage entre Melilla et le Maroc, sont en fait une provocation flagrante de la part des responsables algériens qui rassemblent des milliers de clandestins africains en utilisant les itinéraires secrets de la frontière vers les villes marocaines d’Oujda et de Berkane proches de Nador et Melila afin de créer un casus belli entre le Maroc et l’Espagne d’une part, et, d’autre part, afin d’agiter le monde des ONG et associatif dans le but de nuire à l’image du Royaume marocain au niveau européen et africain alors que ce dernier est le seul pays d’Afrique du Nord a avoir réellement mis en place une politique efficiente d’accueil et d’intégration des subsahariens, lui-même n’ayant jamais renié son africanité et acteur majeur du développement dans la région et au-delà.

Alerte

Concernant la gestion du dossier de l’immigration clandestine en Algérie, entre slogan et vérité du terrain, on découvre un désert de propagande et de mensonge qui cache des traitements et une situation indigne moyen-âgeuse ou néo-coloniale. Outre les expulsions massives, une à deux fois par mois, dans ce contexte, suite logique à tant de rapports alarmants de nombreuses ONG, l’Unité Africaine (U.A) est appelée à déclencher des commissions d’enquêtes indépendantes afin d’apporter un éclairage responsable sur la tragique réalité de l’immigration clandestine africaine dans ce pays, autrefois appelé « la Mecque des révolutions africaines » (démagogie désormais obsolète), à cause de ses violations systématiques choquantes des Droits de l’Homme.



témoignage d'un migrant guinéen clandestin

« Les forces de police nous réveillent en plein sommeil pour nous rapatrier chez-nous. Non pas via des vols directs vers nos pays mais plutôt en nous lâchant en plein milieu du désert du Niger. Deux de mes amis se sont brisé les jambes après avoir sauté du deuxième étage d’un immeuble en construction pour fuir les policiers venus les arrêter. Aujourd’hui, ils vivent dans la peur d’être appréhendés et rapatriés ».





Des militaires arraisonnent un convoi de migrants sur Mercédes 35 tonnes


Rafle dans le Nord



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