Lettre ouverte de L’Association kal Akal aux autorités Françaises

Lettre ouverte de L’Association kal Akal aux autorités Françaises

(Présidence de la république, Sénat, Assemblée nationale) Excellences Messieurs les Présidents,

Au nom de l’Association kal Akal, Kidal-Azawad, compte tenu des liens politiques issus du passé colonial et considérant la France comme un pays des droits de l’homme, nous venons par la présente lettre partager avec vous un certains nombre de préoccupations inhérentes au quotidien de notre peuple.

Tout d’abord, permettez moi de vous saluer et à travers vous, saluer le brave et laborieux peuple Français dont on reconnaît à juste titre l’amour et l’estime à l’endroit de ce qu’il appelle affectueusement les « hommes bleus ».

En effet, l’histoire et le destin ont voulu qu’à un moment de notre existence nous lions des relations souvent amères et cruelles, parfois sages et mutuellement respectueuses. Ceci est un fait indéniable.

L’Association kal Akal pense que la responsabilité politique de la France dans les souffrances infligées à notre peuple est grande et incontestable.

Toutes les tentatives d’émancipation politique du peuple de l’Azawad auprès de la France sont restées vaines, bien que justifiées par l’histoire et la sociologie.

Ainsi, la pétition de 1958, signée par plus de trois cent (300) chefs de tribus et villages, adressée au général de Gaulle qui s’inscrivait dans le cadre de l’autodétermination reste la dernière action d’espoir avant l’indépendance du Mali.

C’est pourquoi, en guise de protestation contre l’injustice et en vue de la rectification de l’erreur historique de soumission injuste et injustifiée de notre peuple à un autre peuple avec lequel il ne partage aucune réalité, sur l’autel de ses intérêts, la présente lettre ouverte est adressée aux autorités politiques suprêmes de la France.

Rappelons qu’avant l’arrivée de la France, le peuple de l’Azawad vivait sur son territoire, jouissant d’une administration avec une gestion conforme à nos us et coutumes, qui n’envient en rien les États modernes, au regard de l’ordre qui y régnait et de l’organisation sociale bâtie sur la justice et l’éthique.

Cette stabilité politico-sociale a été ébranlée et totalement remise en cause avec l’arrivée de la France coloniale en 1893 en traçant des frontières artificielles qui ne correspondent à aucune donnée historique avec pour conséquences, la spoliation de notre territoire, non sans atteinte à notre dignité.

La résistance contre la France coloniale d’abord puis l’État malien installé par la France en Azawad, trouve sa justification dans cette erreur monumentale commise par la France contre un peuple jadis respecté et libre sur ses terres, au profit d’un autre peuple, organisé et mis en sellette par l’Hexagone.

Depuis, le peuple de l’Azawad se sent étranger sur son propre territoire et relégué en arrière plan au Mali sur les aspects les plus élémentaires de ses droits, en dépit des devoirs qui lui sont imposés.

Les brimades, les sécheresses provoquées, l’acculturation, le déni, les massacres, l’exil … le tableau est loin d’être peint en termes de souffrances infligées aux Azawadiens par le nouveau maître, ayant reproduit les méthodes criminelles et asservissantes du maître.

Aujourd’hui, avec les mutations géopolitiques mondiales et qui n’ont pas laissé le Sahel en marge, nous estimons que le monde des droits de l’homme, en particulier la France qui a lié notre peuple à l’État malien sans notre consentement doit revoir la donne et réadapter la solution à la réalité historique en s’appuyant sur les faits réels sur le terrain.

Excellences, Messieurs les Présidents,

L’association kal Akal porte à votre connaissance qu’en dépit d’énormes efforts faits par le peuple de l’Azawad pour vivre avec l’État Malien, il ne reçoit en retour que haine, rejet et mépris.

L’exemple, le plus frappant et le plus récent, qui ne représente que le côté visible de l’iceberg est l’indifférence de l’État à apporter de la protection et de la compassion aux populations des régions de Menaka et de Gao victimes depuis plus d’une année des massacres de l’EIGS. Cette compassion demandée et jamais acquise par le peuple de l’Azawad est offerte avec promptitude au reste du peuple malien quand il est touché par un malheur.

L’Association kal Akal saisit l’occasion non pas pour égrainer toutes les injustices que notre peuple subit mais pour vous dire combien votre responsabilité est grande et doit être assumée sans détour mais, aussi, vous interpeller, vous et tous les pays et organisations de droits de l’homme épris de paix et de justice à imposer une solution réparatrice dans le cadre du dossier Azawadien pour abréger les souffrances au Mali et au Sahel au profit de tous les peuples qui composent cet espace.

Excellences, Messieurs les Présidents, veuillez agréer l’expression de ma très haute considération.

Kidal, le 3 Mai 2023, Le Président de l’Association kal Akal, Daoud Ag Badi.

carte de l'Azaouad
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