Bamako, Pugilat au sommet

Bamako, Pugilat au sommet


par Chekib Abdessalam



Le pouvoir est fait pour en profiter et non point pour se développer. Cela pourrait être la devise des putschistes d’hier et aujourd’hui en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Mali en passe de battre son propre record de coup d’État dans le coup d’État. 10 millions d’hectares de forêts partis en fumée au Canada, bientôt un coup d’État au cube à Kati-Koulikoro-Koulouba ? La Terre tourne-t-elle toujours en rond ? Oui. Pourquoi une réponse aussi affirmative ? Simplement car, au Canada, pour le réchauffement climatique, ne vient toujours pas l’application de véritables mesures pour l’endiguer sérieusement. On tourne toujours en rond. À Bamako aussi, on tourne en rond au manège du coup de force militaire et du baobab déraciné.

Aprés quelque général ou capitaine, les colonels s’en donnent à coeur joie. À leur tour de jouir du pouvoir illégitime. Cependant une ombre demeure au tableau. En effet, les usurpateurs en veulent plus et tout de suite. Peut-être ont-ils raison ? On ne sait jamais, le vent pourrait tourner.

Depuis le dernier remaniement ministériel, à Bamako, une nouvelle guéguerre entre rapaces, hyènes et renards, a éclaté. Forcément, tous les clans ne peuvent cumuler les postes et les portefeuilles qui, même quasiment vides, attirent la convoitise des uns et des autres.

Si l’on s’en tient à ce que la rumeur laisse filtrer et ce que certains medias bien documentés ont annoncé ces deux derniers jours, les cinq colonels putschistes de Bamako, chacun jaloux de ses prérogatives usurpées manu-militari, semblent entrés dans une phase de désamour voire pour certain de véritable guerre intestine. Il n’est pas bon de se nourrir du poison illégitime du coup de force. Ainsi par exemple, Africa Intelligence parle quasiment de bataille rangée entre le putschiste Assimi Goïta et son ministre de la Défense, le colonel putschiste Sadio Camara.

Ainsi, donc, pour les usurpateurs, la fête de l’Aid El Kébir, la Tabaski, n’aura pas porté chance au remaniement ministériel qui consolide le pouvoir du colonel putschiste Assimi Goïta lequel garde la haute main sur le secteur des mines, lucratif et stratégique, attribué à un proche. Il a procédé à la distribution du restant des charges ministérielles en présence de deux des autres colonels putschistes, Ismail Wagué de l’armée de l’air, ministre de la réconciliation, et Malick N’Diaw actuel président du Conseil national de transition (CNT), tous deux tolérés à la réunion qui s’est tenue au siège du pouvoir sans délai et à huis clos. Ainsi, on peut observer que deux des principaux putschistes ont été écartés des tractations : le colonel Sadio Camara, ministre de la Défense, et le colonel Modibo Koné pourtant “trés influent” patron de la Sécurité d’État.

Selon Deutsche Welle Afrique, les proches de l’actuel Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, “ont quasiment été tous débarqués”. Exit, également, Mahmoud Ould Mohamed de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Une unité de façade, et vite les remparts du mensonge et de la tyrannie se lézardent. Au final, soyons pragmatique, Assimi Goïta met son beau monde devant le fait accompli tout en se réservant la plus grande part du gâteau. On est jamais mieux servi que par soi-même. Le jeu des chaises musicales importe peu. L’essentiel étant de monopoliser le maximum de pouvoir entre les mains d’un seul homme.

Quoiqu’il en soit, rien de trés nouveau à l’Ouest. Depuis 1960 à ce jour, l’Afrique a connu une bonne centaine de coups d’État fort dévastateurs, impunis, avec un grand retour à partir de 2020. Combien de tentatives avortées ? D’une manière générale, les coups d’État - pour la plupart militaires - se terminent mal pour les uns et pour les autres, souvent trahis par leurs plus proches complices, que l’on soit au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso … Au fond de l’impasse, le mur, le rempart qui s’écroule. Quand cela ne finit pas d’une manière tragique par un bain de sang.

Ce sang qui a tellement coulé depuis les indépendances factices, qu’il peut toujours couler pour un oui ou pour un non. Entre putschistes diplômés mais, surtout, quelque soit le clan au pouvoir, s’imposera, à eux, le devoir de règlement de comptes.

Par contre, lorsque l’on ne fait pas partie de l’intrigue, mais plutôt de la catégorie de la population des gens du tragique, du silence, du dénuement, du sous-développement et de la précarité, on est généralement tributaire de la loi du plus fort et du plus sanguinaire, de l’injustice et de l’arbitraire.


Malijet : le remaniement ministériel

" 12 nouveaux ministres entrants et de grands changements.

Les tenants des ministères clés (ministères de la Défense, des Affaires Etrangères, de la Justice, de l’Economie et des Finances, de la Sécurité, des transports, de la réconciliation, et de l’Administration territoriale et de Décentralisation) restent à leurs postes.

Au ministère de la Santé, le colonel Assa Badiallo Touré remplace Dieminatou Sangaré. Mme Bagayogo Aminata remplace Bakary Doumbia à la tête du ministère de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la formation professionnelle.

Concernant les nouveaux ministres entrants, on peut citer le Pr. Fassoun Coulibaly au ministère en charge du Travail et du Dialogue social, Bintou Camara comme ministre de l’Energie et de l’Eau.

Moussa AG Attaher, précédemment ministre de la Jeunesse et des sports, est nommé au ministère des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine.

Au ministère de l’Education nationale, Amadou Sy Savané remplace Sidibé Dédeou Ousmane. A l’Enseignement supérieur, Boureïma Kanssaye remplace Amadou Keïta qui, désormais, dirigera le ministère des Mines.

Le ministère de la jeunesse et des Sports, de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne est dirigé par Abdoul Kassim Ibrahim Fomba et le ministère de l’Agriculture sera piloté par Lassine Dembélé.

Moussa Alassane Diallo, l’un des plus grands cadres de banque du pays, est nommé à la tête du ministère du Commerce et de l’Industrie.

A la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mariam Maïga remplace Wadidjè Founè Coulibaly, une figure connue du M5-RFP.

Désormais, le ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du territoire et de la Population est dirigé par Imirane Abdoulaye Touré. L’ancien ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou AG ILYENE, occupe désormais le ministère de la communication, de l’économie numérique et de la modernisation de l’agriculture.

Youba Ba est nommé à la tête du ministère de l’Elevage et de la Pêche, où il était précédemment ministre délégué. Mamadou Samaké est, enfin, nommé ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable."

voir : https://malijet.com/actualite-politique-au-mali/279943-remaniement_ministeriel_premier_juillet_plusieurs_.html


🙈 :see_no_evil: 🙉 :hear_no_evil: 🙊 :speak_no_evil:


Sharing is caring!