Mali, Putschs et constitutions
Le direct Soyons réalistes. Il ne faut pas rêver. Oui, ce n’est pas le titre d’une fable de Jean de La Fontaine ou une blague de Coluche. Les hommes l’ont fait. Associer Putsch et Constitution. Mieux encore des simples putschistes s’arrogent, mine de rien, un droit de regard, une démarche, en matière de droit constitutionnel. Ceux-là mêmes issus de coups de force à répétition, anticonstitutionnellement, remettent au goût du jour le mot réputé le plus long de la langue française. Sans vouloir prendre langue, lol. Ou déclencher le troll du siècle, osons poser la question. Sont-ils crédibles ?
Le béret Porter le béret vert, être colonel, putschiste au carré, et résider à Kati ou à Koulikoro, ne suffit pas pour élaborer une Constitution même par le truchement d’une commission d’avance acquise à la cause de son maître. Une Constitution doit être issue d’une volonté populaire dûment exprimée puis être étudiée et proposée par d’éminents juristes distingués qui se seront penchés sur le sujet au point d’égratigner leurs propres neurones et de conformer leur éthique dans le but du meilleur résultat pour envisager une audience et un consensus les plus larges possibles. Un travail en profondeur qui garanti un minimum d’efficience et de fiabilité. Mais la fable ne s’arrête pas là. Seule, une assemblée constituante, institution collégiale, devrait avoir pour tâche et responsabilité la rédaction, ou l’adoption, du texte fondamental ou « loi fondamentale » organisant les pouvoirs publics d’un État.
La liberté Elle doit aussi être soumise à l’approbation générale, non pas des godillots, des kalachnikovs ou des rangers, voire des drapeaux noirs, mais bien de la population dans toutes ses composantes sociologiques et historiques, et, avant tout, condition sine qua none, en situation de paix et en toute liberté - sous contrôle de la communauté internationale. Élémentaire, mon cher Watson.
Satirique, dictatorial, enclavé En république bananière, ces considérations semblent fort impromptues et mal-venues. Elles seront prises à la légère. Les “attendus” seront garants de la mise en œuvre et de l’exécution des ordres émanant d’un haut-commandement militaire, à l’exemple des voisins du Sud ou, mieux encore, du grand voisin du Nord, qui auront fait adopter tant de Chartes, de révolutions et de Constitutions sur mesure ou fantaisistes, au besoin par la force du mensonge et de la tromperie, au besoin par la force des armes. Après avoir pris soin de museler toute velléité d’opposition, par la corruption, l’exil, la contrainte, la torture et l’assassinat.
Pourquoi pas aussi en tirant des rafales à bout portant dans le dos des mamans peules ou tamachek agenouillées de force et portant leur bébé dans le dos, comme savent très bien le faire les tueurs des Famas (Armée malienne). Au mieux, dans ce contexte inchangé, les oppositions ou contre-pouvoirs seront réduits au silence ou à la flagornerie. La carotte et le bâton, peut-être, une nouvelle fable, encore plus croustillante que la première.
En toute candeur, en tout honneur, gage de bonne volonté au cœur du drame, la CMA (Coordination Des Mouvements de L’Azawad) aura planché sur « les éléments à prendre en charge dans la nouvelle Constitution du Mali » en octobre 2022.
Récréation Un peu de détente. En 2023, dans leur villégiature de l’Azaouad, les populations soumises aux violations des droits humains élémentaires, depuis bientôt trois quart de siècles, ne se font plus aucune illusion sur la tricherie et l’horreur. L’Afrique des énergumènes ou intrigants est toujours prompte aux mauvais coups. Souvenez-vous du Rwanda. Une histoire africaine fantastique qui marque de son empreinte, de ses ficelles et de ses machettes importées, l’histoire du monde contemporain.
La morale de l’histoire, les nébuleuses terroristes et diverses manipulations de marionnettistes seront les bienvenues dans le meilleur des mondes. Aux pays des millions d’immigrés clandestins, sur mer et sur terre, décidément, le reste n’est que littérature.
Nota bene Reformater les Famas ? En toute objectivité, les Famas ne devraient-elles pas s’atteler à la tâche immense, mais ô combien salutaire et préalable, préliminaire, d’instruire des procès en justice militaire et civile à l’égard des milliers d’officiers, sous-officiers et miliciens coupables de crimes envers les populations restés impunis depuis la pseudo indépendance coloniale du Mali le 22 septembre 1960 à ce jour, 30 mars 2023 ? Plutôt que d’avoir à connaître de droit constitutionnel, les Famas devraient étudier de plus prés le droit et les procédures pénales et laisser les magistrats civils et militaires faire leur travail en toute sérénité et indépendance.
À moins que ce ne soit la justice internationale qui ne se charge, plus promptement et à plus bref délai, des poursuites pénales individuelles des violations et des crimes graves contre les droits humains.
Ce sera justice.
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