Niger/Coup d’Etat, les vertus de l’esprit critique

Aug 3, 2023 · 2 mins read
Niger/Coup d’Etat, les vertus de l’esprit critique

Par Abdoulahi Attayoub

Le coup d’Etat est un changement brutal, généralement par des hommes en armes, de l’équipe dirigeante d’un pays. Il advient quand les équilibres internes du pouvoir sont rompus, quand la détérioration des conditions de vie des citoyens est mise à profit par les militaires pour changer les dirigeants ou quand les conditions de gestion du pays ne permettent plus de garantir la stabilité du pays.

Dans le cas présent du Niger, il s’agit, d’abord, pour ceux qui cherchent à limiter les conséquences de ce coup d’Etat :

  • de préserver l’intégrité physique de Bazoum et de sa famille,

  • d’éviter des malheurs supplémentaires à la population en éloignant les risques du chaos,

  • de préserver quelques avancées démocratiques enregistrées depuis 30 ans.

La CEDEAO et la Communauté internationale devraient concentrer leurs efforts sur ces éléments et avoir d’abord à l’esprit l’intérêt des Nigériens.

Tout le reste doit pouvoir être discuté.

En effet, quelle différence objective existe-t-il entre un coup d’Etat pour convenance personnelle et bloquer la gouvernance du pays et son évolution démocratique pour convenance clanique ? Le respect de l’ordre constitutionnel et des valeurs démocratiques au Niger n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière de la Communauté internationale avant ce Coup d’Etat. Cela amoindrit la crédibilité de la démarche. Les conséquences du blocus économique et du chaos qui résulterait d’une intervention militaire dont les objectifs restent flous, pourraient créer davantage de désordre et hypothéquer l’avenir.

Dans certaines situations, et dans le souci de l’intérêt du pays, préservons l’esprit critique.

Le parti qui a dirigé le pays, depuis plus de 12 ans, a atteint ses limites démocratiques et a été gagné par les tares de tout parti unique qui se confond à l’Etat et dont les responsables ont perdu le contact avec la réalité du pays.

Le Président Bazoum sait qu’il a d’abord été victime du comportement antinational d’une partie de ses camarades qui ont mis à mal les valeurs démocratiques et les règles de base de la bonne gouvernance. Il a essayé de redresser certaines pratiques mais s’est heurté aux intérêts égoïstes de certains qui ont installé un système mafieux pour protéger leurs intérêts égoïstes.

La Communauté internationale devrait rentrer cette réalité dans l’équation à résoudre.

Réinstaller tel quel, le système déchu, équivaut à continuer à cautionner la gabegie et la corruption qui amènent aujourd’hui nombre de Nigériens à chercher une issue même dans un Pouvoir militaire dont ils ignorent tout, des intentions.


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Abdoulahi Attayoub
Consultant, Président d'Association


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