Sahel, manœuvres géopolitiques et souveraineté des peuples.
par Abdoulahi ATTAYOUB
Sahel : Les manœuvres géopolitiques ne doivent pas hypothéquer le nécessaire respect de la souveraineté des peuples.
La Communauté internationale semble manifestement de plus en plus insensible aux souffrances des populations du Sahel central. Les rivalités entre puissances se traduisent essentiellement par une guerre d’influence, souvent motivées par la convoitise des richesses naturelles et des grands espaces sahélo sahariens. Les projecteurs sont souvent tournés ailleurs et la situation au Sahel semble, somme toute, secondaire parmi les préoccupations des décideurs internationaux. Ce désintérêt ne semble pas prendre en compte la souveraineté des peuples et leur droit au libre choix de leur forme de gouvernance. Pourtant, il s’agit là d’un facteur non négligeable pour assurer la stabilité de la sous-région.
Voilà une dizaine d’années que le Sahel central (Mali, Burkina Faso, Niger) est plongé dans une violence jamais égalée à l’échelle de la sous-région. Violence multifactorielle qui prend ses sources dans un schéma de gouvernance post colonial qui n’a jamais été véritablement stabilisé. L’action des groupes dits jihadistes, dont les motivations profondes sont multiples, vient s’ajouter à d’autres tensions latentes apparues avec la création et l’indépendance de ces trois pays il y a plus de soixante ans. Les violations des droits, et autres agendas divers, sont souvent couverts par une légalité internationale qui manque de cohérence et de volontarisme dans l’affirmation de son rôle de protection des populations. Ces manquements deviennent flagrants lorsque les nouveaux États se montrent structurellement incapables d’être à la hauteur de leurs obligations fondamentales qui justifient pourtant leur raison d’être et leur reconnaissance par la communauté internationale. Les injustices demeurées impunies depuis des décennies ont fini de discréditer ces États aux yeux d’une partie de la population qui continue à n’avoir que des rapports de méfiance et de violence avec eux. Difficile en effet de persuader ces populations que les pogroms imputés aux groupes non étatiques sont réellement différents des massacres documentés commis par les États depuis des décennies. Les atrocités commises par l’armée malienne et ses milices dans les années 90 et celles qui se produisent aujourd’hui, toujours avec le concours de milices locales et aussi désormais avec l’encadrement de mercenaires étrangers, ne sauraient demeurer impunies et les responsables souvent nommément identifiés devront requérir également l’attention des juridictions internationales. Les images insoutenables qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux et largement reprises par les médias, confirment encore une fois l’absence totale de déontologie et d’éthique au sein de l’armée malienne. La communauté internationale ne peut continuer à fermer les yeux devant les défaillances d’États qui ne sont plus en mesure de protéger les populations, voire qui s’en prennent à elles en raison de desseins inavoués.
Le rapport de ces populations à l’État est arrivé à un tel degré de délitement qu’il sera difficile de faire l’économie d’une véritable refondation nationale basée sur une redéfinition des constantes identitaires inclusives et consensuelles. Cette remise en question de l’héritage colonial permettrait de corriger les erreurs et réparer les injustices qui font le lit de l’instabilité chronique. Aujourd’hui, il apparaît que le choix jihadiste tout comme l’aspiration à une gouvernance véritablement démocratique sont des tendances lourdes qui transcendent finalement les appartenances communautaires. Ils indiquent une quête de repères et la recherche de la voie adéquate pouvant permettre l’émancipation et l’épanouissement des peuples. Les processus dits démocratiques expérimentés depuis le discours de la Baule ont montré leurs limites à tel point que ceux qui défendent la démocratie dans ces pays sont souvent à court d’arguments tellement la mal gouvernance a fait des ravages dans les esprits. Plus personne ne perçoit dans les faits la valeur ajoutée d’un régime présenté comme démocratique car les pratiques éprouvées en la matière n’ont rien à envier aux méthodes autoritaires oligarchiques, qu’elles soient l’œuvre de pouvoirs civils ou militaires. Ainsi, on entend aujourd’hui de plus en plus de voix affirmer sans ambages que « la démocratie n’est pas faite pour l’Afrique ».
Les pseudos démocrates nationaux et internationaux se taisent quand des régimes qu’ils ont labellisés « démocratiques » commettent les exactions les plus horribles et s’adonnent à la gabegie la plus insolente. Situation d’autant plus regrettable que les victimes d’exactions ne désespèrent jamais d’être entendues par la communauté internationale et escomptent sa protection.
Lorsqu’un régime atteint un certain niveau d’autoritarisme, de gabegie et de clanisme, il lui est difficile de se faire regretter, quand bien même par ailleurs celui qui lui succède tarde à offrir des perspectives rassurantes et l’espoir d’une amélioration tangible de la gouvernance politique.
Il s’agira probablement pour les Sahéliens d’inventer une forme de gouvernance authentique qui traduise effectivement la volonté des peuples et qui respecte leurs droits et libertés. C’est à ce moment seulement que l’on pourra parler de régime véritablement démocratique. Le Niger, par exemple, n’a à l’évidence pas encore connu un tel régime. Les gens sont fatigués du raccourci qui consiste à penser qu’un régime civil est forcément démocratique et soucieux du bien-être des populations. Les expériences récentes affaiblissent considérablement cette argumentation aux yeux d’une majorité de la population.
Les populations abandonnées à leur sort par la communauté internationale devront inventer une nouvelle forme d’organisation leur permettant de se prendre réellement en charge et d’accéder non pas à une souveraineté revendiquée par des États défaillants ayant démontré leurs limites mais à une réelle souveraineté des peuples, fondés à dire au monde la forme d’organisation garantissant un terme à leurs souffrances. Cela ne pourra se faire que par une approche renouvelée privilégiant le souci de cohésion entre les communautés, le respect de leurs diversités et l’affirmation d’une gouvernance vertueuse, expurgée des considérations toxiques souvent exogènes qui la minent depuis si longtemps.
Abdoulahi ATTAYOUB
Consultant, Lyon (France) 19 juillet 2024
Arabe
الساحل: المناورات الجيوسياسية يجب ألا تعرض للخطر الاحترام الضروري لسيادة الشعوب.
من الواضح أن المجتمع الدولي يبدو غير حساس على نحو متزايد تجاه معاناة سكان منطقة الساحل الوسطى. ويؤدي التنافس بين القوى بشكل أساسي إلى حرب من أجل النفوذ، وغالباً ما يكون الدافع وراءها هو الرغبة في الموارد الطبيعية والمساحات الكبرى في منطقة الساحل والصحراء. غالبًا ما يتم تسليط الضوء على مكان آخر، ويبدو الوضع في منطقة الساحل، بشكل عام، ثانويًا بين اهتمامات صناع القرار الدوليين. ويبدو أن عدم الاهتمام هذا لا يأخذ في الاعتبار سيادة الشعوب وحقها في الاختيار الحر لشكل حكمها. ومع ذلك، فإن هذا عامل مهم في ضمان استقرار المنطقة دون الإقليمية.
منذ ما يقرب من عشر سنوات، ظلت منطقة الساحل الوسطى (مالي وبوركينا فاسو والنيجر) غارقة في أعمال عنف غير مسبوقة على نطاق شبه إقليمي. العنف متعدد العوامل الذي تعود مصادره إلى نظام حكم ما بعد الاستعمار الذي لم يستقر أبدًا. إن عمل ما يسمى بالجماعات الجهادية، التي تتعدد دوافعها العميقة، يضيف إلى التوترات الكامنة الأخرى التي ظهرت مع إنشاء هذه الدول الثلاث واستقلالها قبل أكثر من ستين عاما. غالبًا ما تكون انتهاكات الحقوق، وغيرها من الأجندات المختلفة، مشمولة بالشرعية الدولية التي تفتقر إلى التماسك والطوعية في تأكيد دورها في حماية السكان. وتصبح هذه الإخفاقات صارخة عندما تظهر الدول الجديدة أنها غير قادرة من الناحية الهيكلية على الوفاء بالتزاماتها الأساسية التي تبرر مع ذلك سبب وجودها واعتراف المجتمع الدولي بها. إن المظالم التي ظلت دون عقاب لعقود من الزمن أدت في نهاية المطاف إلى تشويه سمعة هذه الدول في أعين جزء من السكان الذين لا تربطهم بها سوى علاقات عدم الثقة والعنف. ومن الصعب بالفعل إقناع هؤلاء السكان بأن المذابح المنسوبة إلى جماعات غير تابعة للدولة تختلف حقًا عن المذابح الموثقة التي ارتكبتها الدول على مدى عقود. إن الفظائع التي ارتكبها الجيش المالي والميليشيات التابعة له في التسعينيات وتلك التي تحدث اليوم، دائمًا بمساعدة الميليشيات المحلية والآن أيضًا تحت إشراف مرتزقة أجانب، لا يمكن أن تظل دون عقاب، ويجب أيضًا تحديد المسؤولين عنها على وجه التحديد في كثير من الأحيان. المحاكم الدولية. إن الصور المريعة التي يتم تداولها حاليًا على شبكات التواصل الاجتماعي وتناقلتها وسائل الإعلام على نطاق واسع، تؤكد مرة أخرى الغياب التام للسلوك والأخلاق المهنية داخل الجيش المالي. ولا يمكن للمجتمع الدولي أن يستمر في غض الطرف عن إخفاقات الدول التي لم تعد قادرة على حماية السكان، أو حتى التي تهاجمهم لدوافع خفية.
وقد وصلت العلاقة بين هؤلاء السكان والدولة إلى درجة من التفكك بحيث سيكون من الصعب تجنب إعادة بناء وطني حقيقي يقوم على إعادة تعريف ثوابت الهوية الشاملة والتوافقية. ومن شأن هذا التشكيك في التراث الاستعماري أن يجعل من الممكن تصحيح الأخطاء وإصلاح المظالم التي تؤدي إلى عدم الاستقرار المزمن. واليوم، يبدو أن الخيار الجهادي وكذلك التطلع إلى حكم ديمقراطي حقيقي هما اتجاهات رئيسية تتجاوز في نهاية المطاف الانتماءات المجتمعية. إنها تشير إلى البحث عن معايير والبحث عن المسار المناسب الذي يمكن أن يسمح بتحرر الشعوب وتنميتها. إن ما يسمى بالعمليات الديمقراطية التي شهدتها البلاد منذ خطاب لا بول أظهرت حدودها إلى الحد الذي جعل أولئك الذين يدافعون عن الديمقراطية في هذه البلدان يفتقرون غالباً إلى الحجج لأن سوء الإدارة كان سبباً في إحداث الفوضى في عقول الناس. في الواقع، لم يعد أحد يدرك القيمة المضافة لنظام يتم تقديمه على أنه ديمقراطي، لأن الممارسات التي أثبتت جدواها في هذا المجال لا تحسد عليها الأساليب الأوليغارشية الاستبدادية، سواء من عمل القوى المدنية أو العسكرية. وهكذا، نسمع اليوم المزيد والمزيد من الأصوات التي تؤكد بشكل لا لبس فيه أن "الديمقراطية لم تصنع من أجل أفريقيا".
يظل الديمقراطيون الزائفون على المستويين الوطني والدولي صامتين عندما ترتكب الأنظمة التي وصفوها بأنها "ديمقراطية" أفظع الانتهاكات وتنغمس في سوء الإدارة الأكثر وقاحة. وهو وضع مؤسف للغاية لأن ضحايا الانتهاكات لا ييأسون أبداً من أن يسمعهم المجتمع الدولي ويتوقعون حمايته.
عندما يصل نظام ما إلى مستوى معين من الاستبداد وسوء الإدارة والعشائرية، فمن الصعب أن يشعر بالندم، حتى لو كان النظام الذي سيخلفه بطيئا في تقديم وجهات نظر مطمئنة وأمل في تحسن ملموس في الحكم السياسي.
بالنسبة لسكان الساحل، ربما يتعلق الأمر باختراع شكل حقيقي للحكم يعكس بشكل فعال إرادة الشعب ويحترم حقوقهم وحرياتهم. عندها فقط يمكننا أن نتحدث عن نظام ديمقراطي حقيقي. ومن الواضح أن النيجر، على سبيل المثال، لم تشهد مثل هذا النظام بعد. لقد سئم الناس من الطريق المختصر الذي يتمثل في الاعتقاد بأن النظام المدني هو بالضرورة ديمقراطي ويهتم برفاهية السكان. لقد أضعفت التجارب الأخيرة هذه الحجة إلى حد كبير في نظر غالبية السكان.
سيتعين على السكان الذين تركهم المجتمع الدولي لمصيرهم أن يخترعوا شكلاً جديدًا من التنظيم يسمح لهم بتولي مسؤولية أنفسهم حقًا والوصول ليس إلى السيادة التي تطالب بها الدول الفاشلة بعد أن أثبتت حدودها، بل إلى السيادة الحقيقية للشعوب، هناك ما يبرر إخبار العالم بشكل التنظيم الذي يضمن إنهاء معاناتهم. ولا يمكن تحقيق ذلك إلا من خلال نهج متجدد يعزز الاهتمام بالتماسك بين المجتمعات، واحترام تنوعها وتأكيد الحكم الفاضل، والتخلص من الاعتبارات السامة الخارجية في كثير من الأحيان والتي قوضت هذا الحكم لفترة طويلة.
عبد الله الطيب
مستشار
ليون (فرنسا) 19 يوليو 2024
Anglais
Sahel: Geopolitical maneuvers must not jeopardize the necessary respect for the sovereignty of peoples
The international community clearly seems increasingly insensitive to the suffering of the populations of the central Sahel. Rivalries between powers essentially result in a war for influence, often motivated by the desire for natural resources and the great Sahel-Saharan spaces. The spotlight is often focused elsewhere and the situation in the Sahel seems, all in all, secondary among the concerns of international decision-makers. This disinterest does not seem to take into account the sovereignty of peoples and their right to free choice of their form of governance. However, this is a significant factor in ensuring the stability of the sub-region.
For around ten years now, the central Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) has been plunged into unprecedented violence on a sub-regional scale. Multifactorial violence which has its sources in a post-colonial governance scheme which has never been truly stabilized. The action of so-called jihadist groups, whose deep motivations are multiple, adds to other latent tensions that appeared with the creation and independence of these three countries more than sixty years ago. Rights violations, and other various agendas, are often covered by international legality which lacks coherence and voluntarism in asserting its role in protecting populations. These failings become blatant when the new States show themselves to be structurally incapable of living up to their fundamental obligations which nevertheless justify their reason for existence and their recognition by the international community. The injustices that have remained unpunished for decades have ended up discrediting these States in the eyes of a part of the population who continue to have nothing but relationships of mistrust and violence with them. It is indeed difficult to persuade these populations that the pogroms attributed to non-state groups are really different from the documented massacres committed by states for decades. The atrocities committed by the Malian army and its militias in the 1990s and those occurring today, always with the assistance of local militias and now also with the supervision of foreign mercenaries, cannot remain unpunished and those responsible often specifically identified should also require the attention of international courts. The unbearable images currently circulating on social networks and widely reported by the media, once again confirm the total absence of professional conduct and ethics within the Malian army. The international community cannot continue to turn a blind eye to the failures of States which are no longer able to protect populations, or which even attack them due to ulterior motives.
The relationship between these populations and the State has reached such a degree of disintegration that it will be difficult to avoid a real national rebuilding based on a redefinition of inclusive and consensual identity constants. This questioning of the colonial heritage would make it possible to correct the errors and repair the injustices which give rise to chronic instability. Today, it appears that the jihadist choice as well as the aspiration for truly democratic governance are major trends which ultimately transcend community affiliations. They indicate a quest for benchmarks and the search for the appropriate path that can allow the emancipation and development of peoples. The so-called democratic processes experienced since the La Baule speech have shown their limits to such an extent that those who defend democracy in these countries are often short of arguments because poor governance has wreaked havoc on people's minds. No one in fact any longer perceives the added value of a regime presented as democratic because the proven practices in this area have nothing to envy of authoritarian oligarchic methods, whether the work of civil or military powers. Thus, today we hear more and more voices stating unequivocally that “democracy is not made for Africa”.
National and international pseudo-democrats remain silent when regimes they have labeled “democratic” commit the most horrible abuses and indulge in the most insolent mismanagement. A situation that is all the more regrettable since victims of abuses never despair of being heard by the international community and expect its protection.
When a regime reaches a certain level of authoritarianism, mismanagement and clannishness, it is difficult for it to be regretted, even if the one that succeeds it is slow to offer reassuring perspectives and the hope of improvement. tangible of political governance.
For the Sahelians, it will probably be a question of inventing an authentic form of governance which effectively reflects the will of the people and which respects their rights and freedoms. It is only then that we can speak of a truly democratic regime. Niger, for example, has obviously not yet experienced such a regime. People are tired of the shortcut which consists of thinking that a civil regime is necessarily democratic and concerned with the well-being of the populations. Recent experiences considerably weaken this argument in the eyes of a majority of the population.
The populations abandoned to their fate by the international community will have to invent a new form of organization allowing them to truly take charge of themselves and to access not a sovereignty claimed by failing States having demonstrated their limits but to a real sovereignty of the peoples, justified in telling the world the form of organization guaranteeing an end to their suffering. This can only be done through a renewed approach favoring the concern for cohesion between communities, respect for their diversity and the affirmation of virtuous governance, purged of the often exogenous toxic considerations which have undermined it for so long.
Abdoulahi ATTAYOUB
Consultant Lyon (France) July 19, 2024
Espagnol
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Sahel: Las maniobras geopolíticas no deben poner en peligro la necesario respeto a la soberanía de los pueblos
La comunidad internacional parece claramente cada vez más insensible al sufrimiento de las poblaciones del Sahel central. Las rivalidades entre potencias desembocan esencialmente en una guerra de influencia, a menudo motivada por el deseo de recursos naturales y de los grandes espacios sahelosaharianos. La atención se centra a menudo en otra parte y la situación en el Sahel parece, en general, secundaria entre las preocupaciones de los responsables de la toma de decisiones internacionales. Este desinterés no parece tener en cuenta la soberanía de los pueblos y su derecho a elegir libremente su forma de gobierno. Sin embargo, este es un factor importante para garantizar la estabilidad de la subregión.
Desde hace unos diez años, el Sahel central (Malí, Burkina Faso, Níger) está sumido en una violencia sin precedentes a escala subregional. Violencia multifactorial que tiene sus fuentes en un esquema de gobernanza poscolonial que nunca ha sido verdaderamente estabilizado. La acción de los llamados grupos yihadistas, cuyas motivaciones profundas son múltiples, se suma a otras tensiones latentes que aparecieron con la creación e independencia de estos tres países hace más de sesenta años. Las violaciones de derechos y otras agendas diversas a menudo están cubiertas por una legalidad internacional que carece de coherencia y voluntarismo a la hora de afirmar su papel en la protección de las poblaciones. Estas deficiencias se vuelven flagrantes cuando los nuevos Estados se muestran estructuralmente incapaces de cumplir sus obligaciones fundamentales que, sin embargo, justifican su razón de existir y su reconocimiento por parte de la comunidad internacional. Las injusticias que han permanecido impunes durante décadas han acabado por desacreditar a estos Estados ante una parte de la población que sigue teniendo con ellos nada más que relaciones de desconfianza y violencia. De hecho, es difícil persuadir a estas poblaciones de que los pogromos atribuidos a grupos no estatales son realmente diferentes de las masacres documentadas cometidas por los Estados durante décadas. Las atrocidades cometidas por el ejército maliense y sus milicias en el decenio de 1990 y las que se cometen hoy, siempre con la ayuda de las milicias locales y ahora también con la supervisión de mercenarios extranjeros, no pueden quedar impunes y los responsables, a menudo identificados específicamente, también deberían requerir la atención de la tribunales internacionales. Las insoportables imágenes que circulan actualmente en las redes sociales y ampliamente difundidas por los medios de comunicación confirman una vez más la ausencia total de conducta y ética profesional en el ejército maliense. La comunidad internacional no puede seguir haciendo la vista gorda ante los fracasos de los Estados que ya no son capaces de proteger a sus poblaciones, o que incluso las atacan por motivos ocultos.
La relación entre estas poblaciones y el Estado ha alcanzado tal grado de desintegración que será difícil evitar una verdadera reconstrucción nacional basada en una redefinición de constantes identitarias inclusivas y consensuadas. Este cuestionamiento de la herencia colonial permitiría corregir los errores y reparar las injusticias que dan lugar a una inestabilidad crónica. Hoy en día, parece que la elección yihadista, así como la aspiración a una gobernanza verdaderamente democrática, son tendencias importantes que, en última instancia, trascienden las afiliaciones comunitarias. Indican una búsqueda de puntos de referencia y de la búsqueda del camino adecuado que permita la emancipación y el desarrollo de los pueblos. Los llamados procesos democráticos vividos desde el discurso de La Baule han mostrado sus límites hasta tal punto que quienes defienden la democracia en estos países a menudo se quedan sin argumentos porque la mala gobernanza ha causado estragos en las mentes de la gente. De hecho, ya nadie percibe el valor añadido de un régimen presentado como democrático porque las prácticas probadas en este ámbito no tienen nada que envidiar a los métodos oligárquicos autoritarios, ya sean obra de los poderes civiles o militares. Por eso, hoy escuchamos cada vez más voces que afirman inequívocamente que “la democracia no está hecha para África”.
Los pseudodemócratas nacionales e internacionales guardan silencio cuando los regímenes que han calificado de “democráticos” cometen los abusos más horribles y se entregan a la mala gestión más insolente. Una situación tanto más lamentable cuanto que las víctimas de abusos nunca desesperan de ser escuchadas por la comunidad internacional y esperan su protección.
Cuando un régimen alcanza un cierto nivel de autoritarismo, mala gestión y clandestinidad, es difícil que se lamente, incluso si el que lo logra tarda en ofrecer perspectivas tranquilizadoras y la esperanza de una mejora tangible de la gobernanza política.
Para los sahelianos, probablemente será cuestión de inventar una auténtica forma de gobierno que refleje efectivamente la voluntad del pueblo y que respete sus derechos y libertades. Sólo entonces podremos hablar de un régimen verdaderamente democrático. Es evidente que Níger, por ejemplo, aún no ha experimentado un régimen de ese tipo. La gente está cansada del atajo que consiste en pensar que un régimen civil es necesariamente democrático y preocupado por el bienestar de las poblaciones. Las experiencias recientes debilitan considerablemente este argumento a los ojos de la mayoría de la población.
Las poblaciones abandonadas a su suerte por la comunidad internacional tendrán que inventar una nueva forma de organización que les permita hacerse verdaderamente cargo de sí mismas y acceder no a una soberanía reclamada por Estados fallidos que han demostrado sus límites, sino a una soberanía real de los pueblos. está justificado decirle al mundo cuál es la forma de organización que garantiza el fin de su sufrimiento. Esto sólo puede lograrse mediante un enfoque renovado que favorezca la preocupación por la cohesión entre comunidades, el respeto por su diversidad y la afirmación de una gobernanza virtuosa, depurada de las consideraciones tóxicas, a menudo exógenas, que la han socavado durante tanto tiempo.
Abdoulahi ATTAYOUB
Consultor Lyon (Francia) 19 de julio de 2024
Haussa
Sahel: Hannun yanayin siyasa ba dole ba ne ya haifar da matsala girmama da ya kamata ga ikon al’umma.
A bayyane yake ga alama al'ummomin duniya ba su damu da wahalhalun da al'ummomin yankin Sahel na tsakiya ke ciki ba. Hasalima tsakanin masu iko da gaske yana haifar da yakin neman tasiri, sau da yawa sha'awar albarkatun kasa da manyan yankunan Sahel-Sahara. Yawancin lokaci ana mayar da hankali a wani wuri kuma yanayin da ake ciki a Sahel, gabaɗaya, na biyu a cikin damuwar masu yanke shawara na duniya. Ga alama wannan rashin sha'awar bai yi la'akari da ikon al'umma da 'yancinsu na zabar tsarin mulkinsu ba. Duk da haka, wannan wani muhimmin al'amari ne na tabbatar da zaman lafiyar yankin.
Kimanin shekaru goma ke nan, yankin Sahel na tsakiya (Mali, Burkina Faso, Nijar) ya fada cikin tashe-tashen hankula da ba a taba ganin irinsa ba a ma'aunin yanki. Tashin hankali da yawa wanda ke da tushensa a cikin tsarin mulkin mulkin mallaka wanda ba a taɓa samun kwanciyar hankali da gaske ba. Matakin da ƙungiyoyin da ake kira jihadi suka yi, waɗanda zurfafa zurfafarsu ke da yawa, yana ƙara wa wasu ɓoyayyiyar tashe-tashen hankula da suka bayyana tare da ƙirƙira da 'yancin kai na waɗannan ƙasashe sama da shekaru sittin da suka gabata. Hakkin kai, da sauran manufofin daban-daban, galibi karen duniya ne wadanda suka kirkiro da sittin da son rai wajen tabbatar da rawar da ta kare jama'a. Wadannan gazawar suna fitowa fili ne a lokacin da sabbin Kasashe suka nuna cewa ba su da tsarin da ya kamata su iya aiwatar da muhimman abubuwan da suka rataya a wuyansu wanda duk da haka ya tabbatar da dalilin wanzuwarsu da kuma amincewarsu da kasashen duniya. Zalincin da ya kasance ba a hukunta shi tsawon shekaru da dama ya kawo karshen zubar da mutuncin wadannan Jihohin a idon wani bangare na al'ummar da ba su da wani abu face alakar rashin yarda da tashin hankali da su. Lallai yana da wahala a shawo kan wadannan al'umma cewa pogroms da ake dangantawa ga kungiyoyin da ba na gwamnati ba sun sha bamban da kisan kiyashin da jihohi suka yi shekaru da yawa. Ta'addancin da sojojin Mali da mayakan sa suka aikata a cikin shekarun 1990 da kuma wadanda ke faruwa a yau, ko da yaushe tare da taimakon dakarun sa kai na cikin gida da kuma a halin yanzu tare da sa ido na sojojin haya na kasashen waje, ba za su iya ci gaba da kasancewa ba tare da hukunta su ba. kotunan duniya. Hotunan da ba za a iya jurewa ba a halin yanzu da ke yawo a shafukan sada zumunta da kafafen yada labarai ke yadawa, sun sake tabbatar da cewa ba a gudanar da aikin kwararru da da'a a cikin sojojin Mali. Kasashen duniya ba za su iya ci gaba da rufe ido kan gazawar kasashe da ba za su iya kare al'umma ba, ko kuma suke kai musu hari saboda munanan dalilai.
Dangantakar da ke tsakanin wadannan al'ummomi da Jiha ta kai matakin wargajewa ta yadda zai yi wahala a kauce wa sake gina kasa na hakika bisa sake fasalin ma'auni na gama-gari da kuma yarda da juna. Wannan tambayar na gadon mulkin mallaka zai sa a gyara kura-kurai da gyara zaluncin da ke haifar da rashin zaman lafiya. A yau, ya bayyana cewa zaɓin masu jihadi da kuma burin samun mulkin dimokraɗiyya na gaskiya sune manyan abubuwan da a ƙarshe suka wuce alaƙar al'umma. Suna nuna neman ma'auni da kuma neman hanyar da ta dace wacce za ta ba da damar 'yanci da ci gaban al'umma. Hanyoyin da ake kira tsarin dimokuradiyya da aka samu tun daga jawabin La Baule sun nuna iyakarsu ta yadda masu kare dimokuradiyya a wadannan kasashe ba su da hurumi saboda rashin shugabanci nagari ya yi barna a zukatan mutane. A gaskiya babu wanda ya ƙara fahimtar ƙarin ƙimar mulkin da aka gabatar a matsayin dimokuradiyya saboda ayyukan da aka tabbatar a wannan yanki ba su da wani abu da za su yi hassada ga hanyoyin oligarchic, na aikin farar hula ko na soja. Don haka, a yau muna ƙara jin muryoyin da ke bayyana babu shakka cewa "ba a yi dimokuradiyya ga Afirka ba".
Masu mulkin dimokaradiyya na kasa da na kasa da kasa sun yi shiru lokacin da gwamnatocin da suka yi wa lakabi da "dimokradiyya" suka aikata mafi munin cin zarafi da kuma yin rashin adalci. Lamarin da ya fi yin nadama tun da wadanda aka ci zarafinsu ba sa yanke kauna na jin ta bakin kasashen duniya da kuma tsammanin kariyarsa.
A lokacin da mulki ya kai wani mataki na mulkin kama-karya, rashin gudanar da mulki da kabilanci, zai yi wuya a yi nadama, ko da kuwa wanda ya yi nasara ya yi tafiyar hawainiya wajen bayar da ra'ayoyi masu gamsarwa da fatan samun ci gaba a harkokin siyasa.
Ga al'ummar yankin Sahel, mai yiwuwa zai zama wata tambaya ta ƙirƙira sahihin tsarin mulki wanda ke nuna ra'ayin jama'a yadda ya kamata da kuma mutunta 'yancinsu da 'yancinsu. Daga nan ne za mu iya magana kan tsarin mulkin dimokuradiyya na gaske. Misali Nijar, a bayyane take, har yanzu ba ta fuskanci irin wannan mulkin ba. Mutane sun gaji da gajeriyar hanya wacce ta kunshi tunanin cewa mulkin farar hula dole ne ya zama dimokiradiyya kuma ya damu da rayuwar al'umma. Abubuwan da suka faru na baya-bayan nan sun raunana wannan hujja a idanun yawancin jama'a.
Al'ummar da kasashen duniya suka yi watsi da su zuwa ga makomarsu, dole ne su kirkiro wani sabon tsari na kungiyar da zai ba su damar daukar nauyin kansu da gaske, ba don samun damar samun ikon mallakar kasa da ke ikirarin kasa da kasa ba, bayan sun nuna iyakokinsu amma ga hakikanin ikon al'umma. barata wajen gaya wa duniya tsarin ƙungiyar da ke ba da tabbacin kawo ƙarshen wahalarsu. Za a iya yin hakan ne kawai ta hanyar sabunta hanyar da ke nuna damuwa ga haɗin kai tsakanin al'ummomi, mutunta bambancinsu da tabbatar da shugabanci nagari, da kawar da abubuwan da suka fi dacewa da guba wanda ke lalata shi na tsawon lokaci.
Abdullahi ATTAYOUB
Mai ba da shawara Lyon (Faransa) Yuli 19, 2024
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