Les tergiversations de l'APR -- par Hama Ag Mahmoud
L’APR, Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, signé en 2015, peine à être respecté et appliqué. Les parties signataires se renvoient constamment la responsabilité. Mais il faut se rappeler qu’aucun des accords de paix précédents n’a été appliqué par les différents gouvernements du Mali. On peut dire déjà que c’est une tradition malienne.
Non seulement les accords de paix signés entre les rébellions Touaregs et les différents gouvernements maliens restent inachevés par suite du refus de la partie malienne, mais aussi de la passivité de la médiation, voir sa complicité.
Cette complicité s’est manifestée dès la signature de l’APR, puisque des parties, des milices gouvernementales, qui n‘avaient aucune qualité de belligérants avaient été autorisées à apposer leur signature sur ledit accord, en dépit de tout bon sens et en contradiction avec les règles de droit.
Par cet acte déjà on avait annoncé les mauvaises intentions d’une partie, tolérées par la médiation. Dès lors, la Rébellion a eu à affronter les tergiversations, les atermoiements, les manœuvres dilatoires d’une partie, encouragée par l’indifférence de la médiation internationale.
Sont venus en renforts à cette partie, des lobbies savamment orchestrés, qui ont oublié leurs slogans pour la démocratie, l’état de droit, dont la régionalisation constitue la marque universelle.
Au lieu de demander d’étendre le bénéfice des dispositions de l’APR à l’ensemble des Régions du Mali, ils œuvrent pour en priver le Nord. Ils ont déjà oublié que ce sont les Accords de Tamanrasset qui sont à l’origine de la décentralisation au Mali.
En outre, l’Accord de Ouagadougou qui constitue la base juridique de l’APR, était le fruit des manipulations et pressions, exercées sur le Secrétaire général du MNLA par des acteurs étrangers, sans égards à la complexité et à la sensibilité de la question, en fonction de leurs agendas.
Aujourd’hui le gouvernement de la Transition, résolument dans la logique du rejet des accords de paix, s’arroge unilatéralement le droit d’en bloquer le processus, sous le prétexte de révision constitutionnelle, comme si les signataires n’avaient pas pris en compte tous ces aspects. On peut parier sans risque de perdre qu’il s’abritera bientôt derrière un prétexte imparable, l’absence de régionalisation dans la nouvelle constitution.
Malgré que toutes les populations du Mali ont grand besoin de régionalisation, elles en seront privées pour justifier le refus d’appliquer l’APR.
Aujourd’hui il est loisible de constater que le gouvernement de la Transition saigne le pays par des dépenses coûteuses en armement, sous le prétexte de lutte contre le terrorisme, stratégie déjà sanctionnée par l’échec ailleurs. Tout le monde est arrivé à la conclusion que le meilleur remède contre le terrorisme demeure la bonne gouvernance et non la guerre.
Pourquoi donc le gouvernement du Mali s’entête à dépenser les maigres ressources du pays là où il n’ya aucune chance de succès certain, alors que ces mêmes investissements rapporteraient davantage de dividendes dans la bonne gouvernance ? La réponse est simple. En réalité la Transition, sous couvert de lutte contre le terrorisme, prépare la guerre au Nord. Depuis un bon moment, elle s’évertue à en trouver le prétexte, en multipliant les tentatives de pousser la CMA à la faute.
Les Autorités politiques au Mali doivent savoir aujourd’hui que le refus d’appliquer l’accord de paix conduit infailliblement à une aventure dont l’issue est incertaine, lourde de conséquences. La guerre, au lieu de résoudre le problème, aggravera la situation, tout en contribuant à la déstabilisation de la Region.
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