La vérité sur l’instrumentalisation de l’immigration clandestine en Algérie

Jun 27, 2022 · 6 mins read
La vérité sur l’instrumentalisation de l’immigration clandestine en Algérie

Par Abderrahmane Mekkaoui et Chekib Abdessalam



Contrairement aux slogans du système politico-militaire algérien concernant l’immigration clandestine africaine, les observateurs soulignent que depuis 1962, date de l’indépendance de ce pays factice, les algériens ont eu un comportement inadéquat voire raciste et inhumain avec même leur propre population de couleur. Très rares sont les mariages entre un hartani (agriculteurs africains de couleur) et une fille « blanche » du Tell (Nord de l’Algérie). Peu d’officiers, voire de sous-officiers et de soldats, sont enrôlés dans l’ANP et les services de renseignements. La majorité des Haratines qui s’engagent dans l’armée le font pour des raisons socio-économiques (chômage, marginalisation, démographie et ségrégation raciale). Ceux qui restent sur le banc du chômage dans cette région aride, sont orientés vers le secteur informel local et la contrebande transfrontalière juteuse pour les officiers de l’armée (cocaïne, cigarettes, psychotropes, carburant, denrées alimentaires, médicaments, etc.). Une minorité de Haratines est considérée comme auxiliaire des services de renseignements algériens (DRS). Ils sont utilisés comme des courroies de transmission et de surveillance des tribus touarègues et arabes nomades (outil de gouvernance dans le Grand Sahara). Le système politique algérien se méfie énormément de cette population du Sahara en raison de sa défiance à l’égard des militaires algériens et de son attachement à sa propre identité historique marocaine.

La segmentarité tribale et ethnique constitue un instrument de division de la société saharienne en accordant un pouvoir apparent aux Haratines sur tous les segments de la population. Sans généraliser le phénomène, l’instrumentalisation de cette catégorie sociale ne se limite pas simplement aux basses besognes pour propager la répression et la peur au sein des habitants, mais les présente comme des supplétifs de surveillance et de contrôle des gisements de minerai, notamment les mines d’or officielles et clandestines.

En raison de la propagande de l’administration algérienne de Ben Bella et de Boumédienne, les Haratines ont subi un bourrage de crâne sans précédent, contre leurs propres frères du Sahara. Cette situation les a poussé, vers une idéologie populiste, à se rebeller contre les hiérarchies traditionnelles fondées sur les rituels précis et religieux des habitants notamment dans le domaine agricole, commercial et sociétal. Ces fractures, en amont et en aval, de la société du Grand Sahara ont favorisé l’émergence des Haratines au détriment de la population locale et ont, plus tard, facilité la mise en place de liens occultes entre cette catégorie de la population et les réseaux de trafiquants en tous genres, dont, notamment, les séparatistes du Polisario. À propos des origines des Haratines, il est à souligner qu’en 1875, l’Aménokal des Touaregs, El Haj Ahmed Al Bekri, Ifoghas n’Ahaggar, va solliciter, en raison de leur expertise, la contribution des Haratines du Touat et de Tombouctou à la mise en valeur des terres agricoles de l’Ahaggar durant une période climatique favorable (abondance en eau).

Comment l’Algérie gère-t-elle l’immigration clandestine ?

L’Armée Algérienne gère d’une manière verticale, répressive et injustifiée les Africains ayant franchi les frontières désertiques de ce « pays-continent ».

En fait, il y a deux types de frontières dans le Grand Sahara : la frontière cartographique et la frontière réelle. La première est tracée à la règle par le général de Gaulle sur des cartes de papier, sans connaître des réalités sociales et historiques de la Région et au mépris du Droit International. Ce découpage territorial colonial a débouché sur la constitution d’États fragiles présents uniquement dans les villes et les chefs-lieux. La seconde frontière (réelle) est caractérisée par l’existence de deux univers parallèles, naturels, humains et politiques qui semblent coexister avec méfiance depuis les indépendances et dont la mobilité sociétale (nomadisme) dépend des ressources et des richesses de ce vaste espace désertique. Ces deux entités ne se reconnaissent pas, l’une et l’autre, de manière tout à fait objective, en raison des problèmes économiques, politiques et ethniques induits.

Les immigrés clandestins venant de toute l’Afrique, rêvent au départ d’atteindre l’Eldorado européen. Cependant, ce rêve se transforme en cauchemar après une traversée infernale du désert suivie d’un mauvais accueil dans les centres de rétention algériens. Les immigrés clandestins fatigués, souvent très affaiblis, subissent des interrogatoires musclés de la part de la gendarmerie et des services de renseignement locaux. Les wilayates de Tamanrasset, d’In Guezzam, d’Adrar, de Borj Baji Mokhtar, de Janet, constituent les destinations privilégiées des immigrés dont la répartition se fait en fonction de leur forme physique et de leur savoir-faire dans le domaine des mines, de l’agriculture et du bâtiment. Les Ghanéens, les Maliens, les Nigériens, les Soudanais, les Congolais, sont contraints à travailler dans les gisements d’or clandestins encerclés par l’armée. Une autre catégorie d’Africains, dépouillés de leurs biens et de leurs téléphones portables, réussit pourtant à atteindre les grandes villes du Nord (Alger, Annaba, Béjaïa, Constantine, Skikda etc.). Les hommes se convertissent dans le bâtiment, dont les chefs de projet sont des Chinois (L’ingénieur chinois préfère un clandestin africain à un Algérien). Les femmes immigrées, véritables esclaves modernes, sont exploitées sexuellement, violées, battues et employées comme servantes dans des foyers algériens sans rémunération. Une dernière catégorie, tombe dans les griffes de la mafia locale, qui les rançonne avant destination soit vers la méditerranée, soit vers la frontière algéro-marocaine. Ceux qui ne peuvent pas payer les passeurs du littoral qui demandent 85 millions de centimes algériens, sont orientés vers la localité de Lalla Maghnia, limitrophe du Maroc.

Soulignons que, malgré la fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc depuis 1994, et malgré les tranchées, les barbelés électrifiés, les caméras et la brutalité des G.G.F (Gardes Frontières), l’A.N.P a laissé des passages secrets pour permettre le passage des immigrés clandestins, de la drogue et des psychotropes, comme l’a bien décrit l’adjudant-chef Guernit Bounouira, récemment condamné à mort.

En conclusion, les événements dramatiques qu’a connu le point de passage entre Melilla et le Maroc, est une provocation flagrante des responsables algériens qui rassemblent des milliers de clandestins africains en utilisant les itinéraires secrets de la frontière vers les villes marocaines d’Oujda et de Berkane afin de créer un casus belli entre le Maroc et l’Espagne d’une part, et, d’autre part, afin d’agiter le monde des ONG et associatif dans un but de nuire à l’image du Royaume marocain au niveau européen et africain. Concernant la gestion du dossier de l’immigration clandestine en Algérie, entre slogan et vérité du terrain, on découvre un désert de propagande et de mensonge. Dans ce contexte, l’Unité Africaine (U.A) est appelée à déclencher des commissions d’enquêtes indépendantes afin d’apporter un éclairage responsable sur la tragique réalité de l’immigration clandestine africaine dans ce pays, autrefois, à tort, appelé « la Mecque des révolutions africaines » (désormais obsolète), à cause de ses violations systématiques choquantes des Droits de l’Homme, à ce jour en toute impunité.

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