Expliquer le Sahara oriental aux nuls et aux faussaires
Par Abderrahmane Mekkaoui et Chekib Abdessalam
SOMMAIRE
Peur de l’Histoire
Pourquoi ?
Propagande totalitaire
Le mensonge, un sport national contrarié
De la marocanité millénaire du Sahara
La Françalgérie
Chaos à la soudanaise
Recel étatique
Peur de l’Histoire
Pourquoi la nomenklatura algérienne islamiste, laïque ou nationaliste a-t-elle peur de l’histoire et craint la vérité géographique de ce territoire appelé l’Algérie ? Tout simplement, car depuis que nos ancêtres ne sont plus les gaulois, les voilà désorientés. Craignent-ils d’affronter la vérité en face ? La période gauloise fut de courte durée au regard de la grande Histoire. Est-ce une peur du vide, un étourdissement, un égarement ? Cette peur génétique chez les « intellectuels » algériens, manipulée par les tenants du pouvoir, s’est peu à peu transformée en un grand mensonge fondateur qui défigure la réalité identitaire de populations maghrébines diverses.
Pourquoi ?
On s’interroge également sur les causes de cette instrumentalisation volontaire et calculée de l’histoire par le système politico-militaire d’Alger ébloui par cette vision d’un espace sahélo-maghrébin hérité du colonialisme et soutenu non seulement par la gauche française après les indépendances et les idéologues de la guerre froide, mais aussi, et surtout, par un soutien de l’État français en raison de la présence acceptée d’une bonne douzaine de bases militaires expérimentales dans le Sahara oriental. Ainsi en est-il, notamment, des bases nucléaires des années soixante et de la deuxième plus grande base d’armes chimiques au monde installée à Béni-Ounif depuis 1929. De Gaulle aura d’ailleurs mis à la disposition en 1963 pendant la guerre des sables de l’Anp contre le royaume marocain la base aérienne française de Colomb Béchar.
Propagande totalitaire
Parmi les plus grands mensonges, inlassablement, systématiquement, proférés par l’oligarchie militaire des Taggarins, par ses parrains, ses mandataires, sa pseudo-bourgeoisie arriviste, administrative, bureaucratique ou étatique, ce fut de faire croire, plusieurs décennies durant, à la face du monde entier qu’ils étaient anti-colonialistes, anti-impérialistes, anti-monarchiques, socialistes voire communistes. Cette manœuvre pathologique totalitaire qui lorsqu’elle se voit contestée par l’évidence, utilise comme moyen l’insulte, la menace, la falsification, le bourrage de crâne et le mensonge par omission, toutes techniques éprouvées de propagande, d’oppression et de soumission.
Parmi les sujets qui font l’objet de cette manipulation officielle, on trouve en bonne place centrale, telle une obsession, la problématique du Sahara dit occidental qui de fait devient l’arbre qui cache la forêt, qui tente de dissimuler la genèse du Maghreb, les origines véritables et l’histoire avec un grand H. Il s’agit dés le début d’une grande opération de diversion pour braquer l’opinion locale et internationale sur un ennui fabriqué de toute pièce.
Deuxième mensonge d’ampleur nationale et au-delà :
celui de la guerre gagnée en 1962. Le grand mensonge qui pervertit le mental des algériens entretenu à escient par les militaires et leurs complices au pouvoir à Alger pour qu’il se perpétue de génération en génération, c’est effectivement celui de la victoire de l’Aln sur l’armée française et le nombre des martyrs qui ne cesse de croître de 34 000 selon l’armée française à l’époque (années 60) à 5,5 millions (sic) selon la fanfaronnade mal placée de l’actuel président Abdelmadjid Tebboun. Cependant, la vérité historique dément une telle énormité. Le cessez-le-feu, la fin de la guerre et l’indépendance sont offerts par le général de Gaulle en échange des garanties et des engagements du Fln stipulés secrètement dans les accords d’Évian.
Sans doute, son excellence l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt ou quelque historien contemporain pourraient-ils nous en dire deux mots. Avec un million de soldats sur place et le soutien direct de l’OTAN, le premier et prestigieux président de la cinquième république Charles de Gaulle a obtenu tout ce qu’il voulait et plus encore contrairement à l’avis des chefs militaires, généraux cinq étoiles et vainqueurs du maquis de l’Aln quasiment réduit à néant (conférer opération jumelles, opération mésange, regroupements de populations, usage du napalm …). Par la suite ces chefs militaires vont organiser un putsch contre le président de la république à la rhodésienne. Une partie d’entre eux finiront par créer et diriger l’OAS (Organisation Armée Secrète) jusqu’après l’indépendance. Une junte qui sera finalement mise hors d’état de nuire suite aux attentats auxquels échappera in extremis le général de Gaulle et pourtant amnistiée plus tard.
Le mensonge, un sport national contrarié
Parmi les sujets qui font l’objet de ce sport national ou grand mensonge national algérien, on trouve la problématique du Sahara oriental marocain. Qui aura dés le début était éludé ou masqué par la fallacieuse question dite du Sahara occidental qui servit de camouflage, de leurre, principale opération de diversion de la régence d’Alger sur-utilisée à outrance jusqu’à aujourd’hui quand bien même plus personne n’y croit vraiment. Le disque est rayé.
Les archives ottomanes espagnoles, anglaises, françaises, et, même, « algériennes » (archives laissées sur place par la France) montrent, s’il le fallait, que le Sahara oriental est historiquement marocain. En effet, il constitue le prolongement naturel, humain, culturel, cultuel, spirituel, historique et économique de l’empire chérifien. Ce territoire est une partie intégrante du Maroc et composante centrale du grand Sahara de l’Atlantique à la mer Rouge (9 millions de km²) qui s’étend sur une superficie d’environ 2 millions de km², Sahara marocain héritage, patrimoine de l’empire chérifien et des anciennes grandes dynasties marocaines maghrébines jusqu’à la période contemporaine.
De la marocanité millénaire du Sahara
Comment et pourquoi, la France a-t-elle ainsi démantelé l’Empire chérifien afin d’élargir ou plutôt d’hypertrophier l’Algérie française qui ne comportait alors que trois département de 1848 à 1958 pour y ajouter, soudainement, les territoires militaires du Sahara oriental marocain occupé par l’armée Française ?
Élémentaire mon cher Watson, l’opération fort tardive de départementalisation du Sahara oriental marocain en 1958, à la veille des premiers essais nucléaires, s’effectue dans le but évident, fort compréhensible, de conserver, de développer et d’optimiser les infrastructures stratégiques militaires de la France dans ces territoires de l’Empire chérifien et d’assurer un avenir aux investissements et à l’exploitation du pétrole et du gaz sahariens comme le gisement gasier faramineux de Hassi Rmel et l’immense champ pétrolifère de Hassi Messaoud découverts en 1956 et mis en exploitation en janvier 1958 par la SNREPAL (Société nationale de recherche et d’exploitation de pétrole en Algérie). La France va donc élever en 2 départements français cette région stratégique à la dernière minute alors que les premières rencontres secrètes ont débuté entre le FLN et la France, en 1958. Il s’agit du département des Oasis et du département de la Saoura. Le plus aberrant dans cette amputation ou démembrement du Maroc millénaire est que le FLN va manipuler la bonne foi du sultan du Maroc en refusant de regarder l’histoire en face et en reniant ses propres engagements avant et aprés l’indépendance. Cette trahison et ce refus sont dictés par le vrai vainqueur. Le vaincu (FLN-ALN) de fait n’aura aucune autonomie ou pouvoir de décision ou d’orientation politique en la matière qui pourrait contrecarrer les accords secrets d’Évian donc les intérêts supérieurs de la cinquième puissance mondiale.
La Françalgérie
Ce paradoxe de la manipulation des uns et des autres afin de pérenniser la présence coloniale post indépendance, déguisée, sous des habits neufs, mérite d’être analysé et mis en relief. Une totale complicité a fait dire au premier président algérien, Ahmed Ben Bella, lors d’une émission de l’ORTF de Cinq colonnes à la une que « la France nous a donné un cadeau » qui est le Sahara oriental marocain en toute connaissance de cause puisque il déclare « nous devions l’accepter même si c’est un mauvais cadeau ».
Les archives internationales de l’époque reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le grand Touat. Le maréchal Lyautey résident général français adressa à son gouvernement deux lettres soulignant les frontières réelles du Maroc. Selon le maréchal Hubert Lyautey, offcier pendant les guerres coloniales, premier résident général du protectorat français au Maroc en 1912, ministre de la Guerre lors de la Première Guerre mondiale, puis maréchal de France en 1921, avant le protectorat, l’empire chérifien étendait nettement son influence au sud de l’Algérie française (départements d’Oran, d’Alger et de Constantine qui constituent ce que l’on appelle le Tell ou bordure méditerranéenne du centre de l’Afrique du Nord). Ce territoire de l’Empire chérifien englobait les grandes routes caravanières, les oasis sahariennes, les territoires, les ksours et casbahs du Touat, du Gourara, du Tajakant, de la Saoura, du Tidikelt, de l’Ahaggar et des Ajjers. Ces territoires relevaient depuis plus d’un millénaire du Sultan du Maroc et étendaient l’influence du royaume chérifien jusqu’aux confins du Sahel (Aoudaghost, Timbuktu), du Fezzan et de l’Ennedi. L’Empire chérifien sera reconsolidé de manière définitive par le sultan moulay Hassan Premier. Toutes les tribus et familles de ce grand ensemble saharien en conservent toujours des témoignages vivants et matériels malgré soixante ans de dictature militaire d’Alger, de terreur nucléaire et de colonisation administrative et économique féroce et mafieuse. Un régime de terreur est mis en place jusqu’à aujourd’hui par la dite « sécurité militaire » qui ne tolère que la brutalité, l’injustice, le vol, la dilapidation des biens publics, la contrebande et le faux jihadisme mis en scène et conforté par la négation et la confiscation de l’histoire, par la corruption, par l’arbitraire, par le mensonge et par la violence.
Ainsi donc, la France ayant investi des milliards de francs lourds dans la conception et la réalisation de bases opérationnelles d’importance mondiale dés 1929 (base chimique du Sahara oriental marocain à Beni Ounif, deuxième mondiale après celle de l’Urss, auxquelles viendront s’ajouter les bases bactériologiques, biologiques, spatiales, balistiques et nucléaires), aspirait depuis la fin de la seconde guerre mondiale à devenir une puissance nucléaire, ne fut-ce sur le cadavre des populations locales minorées et de l’écosystème marocain saharien. Tout cela, ayant été formellement et définitivement rejeté par le Sultan Mohammed V, se réalisera avec la complicité active de ceux qui deviendront les plus grands défenseurs de la puissance coloniale et post-coloniale française camouflés derrière le masque d’une révolution mensongère, Alger n’ayant jamais été une véritable Mecque de la révolution contrairement à la propagande servie et fournie à qui mieux mieux pendant plusieurs décennies. Pour finir en beauté, Alger se métamorphose elle-même en puissance coloniale implacable, brutale, méprisante, qui va pomper et détourner les richesses du Sahara oriental à partir des années 70-80.
Chaos à la soudanaise
Son moi, ou récit, reste clivé aggravé par un sentiment de culpabilité et un réel conflit psychique quasi œdipien. Ce régime politico-militaire incestueux algérien qui survit depuis 1962 ne sera devenu un « État » fonctionnel que pour mieux servir les puissances occidentales et communistes. Il faut s’attendre à des bavures et à un chaos à la soudanaise probablement fomenté par les différentes factions des « clandestins de l’histoire », comme l’avouait Nourredine Boukrouh, un ancien ministre du régime, dans un éclair furtif de lucidité. 450 officiers supérieurs emprisonnés à Blida – et d’autres écartés, exilés ou en fuite - n’attendent que leur vengeance contre leurs complices au pouvoir.
Recel étatique
Le Maroc serait indubitablement appelé à déposer une motion à la quatrième commission de décolonisation de l’ONU et à présenter les archives en sa possession auprès de la Cour de Justice Internationale pour un avis consultatif sur le recel étatique ou possession néo-coloniale illégitime de la junte d’Alger sur le grand Sahara oriental marocain dans le cadre de son appartenance historique incontestable au Maroc chérifien.
Logo de l’article :
Carte du Sahara oriental marocain
(partie orientale intégrante de l’Empire chérifien)
© sahara-central.info 2023 (sur fond de carte Ligue arabe)
Voir chapitre Algérie vs Sahara Central : du pillage forcené à la faillite Comment Alger va coloniser le Sahara Central ? in À qui profite le crime nucléaire au Sahara ?
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