Menace de guerre au Sahara démembré écorché vif

Menace de guerre au Sahara démembré écorché vif


par Chekib Abdessalam et Abderrahmane Mekkaoui



De l’exercice « Bouclier du désert »

Selon le Jdd, Journal du dimanche, en date du 14 novembre 2022 (1), des effectifs et un matériel impliqué limités des armées algérienne et russe, au Sahara, visent à simuler « la recherche, la détection et la destruction de groupes armés illégaux ». Pour la première fois, « des soldats des deux pays s’entraîneront ensemble sur le sol algérien. Mais cet événement illustrera surtout un degré de coopération militaire entre Alger et Moscou jamais atteint. »

L’exercice de style est révélateur à la fois de l’isolement international et de l’embarras d’Alger, autrefois régence ottomane, aujourd’hui régence franco-russe.

Il demeure, cependant, tout aussi révélateur des intentions belliqueuses du régime politico-militaire d’Alger. En effet, cette politique belliciste, à usage intérieur et de survie d’un régime finissant, est corroborée, notamment, par l’achat et la livraison de drones iraniens à Alger et par le transit des milices Wagner, via Alger-Tamanrasset, qualifiées localement de touristes russes. Quoi que la menace bien réelle s’amplifie, elle est certainement tempérée par l’incompétence et l’atomisation clanique, notoires et enfin révélées à la fois aux spécialistes mais aussi au grand public, ces dernières années, de l’armée d’Alger (ANP). Au delà des fanfaronnades de matador, une confrontation risquerait de se réduire dans les faits à peau de chagrin en raison des faiblesses structurelles de cette dernière Anp et se retourner contre elle.

Contrairement à leur engagement envers les pays occidentaux notamment les États-unis, un contrat d’achat d’armement russe de prés de 17 milliards de dollars et ces manœuvres militaires traduisent leur alignement aveugle avec les Russes. Au niveau de leur relation avec les occidentaux, les militaires algériens font croire qu’ils sont entrain de repenser leur alliance avec la Russie tandis que les faits les contredisent et que pour la consommation intérieure, ils se présentent comme étant la plus grande puissance régionale et qu’ils sont alliés de la Russie héritière de l’ancienne union soviétique dans le cadre d’un traité de défense commune. Dichotomie et double langage ne semblent nullement gêner l’oligarchie militaire algérienne habituée à ses volte-face.

Quand l’histoire s’éveille

Ironie de l’histoire les russes deviendraient avec leur pseudos partenaires putchistes de pacotille d’Algérie et du Mali, les plus ardents défenseurs de l’ordre colonial ancien notamment à travers la défense de frontières issues du tracé colonial et donc obéissant à des intérêts stratégiques à long terme de l’ancien occupant colonial (qu’il s’agisse de l’empire colonial espagnol ou français). Ironie de l’ironie Hammaguir, site choisi pour l’exercice militaire, qui n’existait pas, est une pure création de l’empire colonial français ayant reçu l’aval à long terme du Fln durant les Accords d’Évian. Le nom même de hama et guir sont en réalité un acronyme français issu de Hamada et de Legouiret utilisé pour baptiser la base spatiale et d’armes ballistiques française du nom de Hammaguir à prés de cinquante kilomètres du tracé de la frontière coloniale algéro-marocaine.

base spatiale hamaguir
base spatiale Hamaguir

Un bref rappel historique s’impose. Le colonel futur maréchal Lyautey va occuper et annexer béchar en 1903, cependant que les suffrites du royaume de Sijelmassa, des Meknassa, des Banou Ifren et de Tlemcen, il y prés 1300 ans puis des idrissites depuis 1242 ans … jusqu’aux Abdelwadites, Banou Ziyan (originaire du Moyen-Atlas et du Fezzaz), et aux Kenadsa de sidiMohamed el Kendoucy, jusqu’aux Mourabitoune, Mouahidounes, Banou Merine, Saadiens, il y a 500 ans et aux Alaouites du Tafilelt depuis prés de 400 ans …

sijelmassa
Sijelmassa, capitale historique et hub du Sahara oriental

Structures ancestrales de la société maghrébine, détentrices de preuves tangibles, les sofs et les zaouiyates des ksours du Tafilelt, de Tamegrout, de la Saoura, de la Tajakant et du Touat témoignent encore aujourd’hui malgré l’entreprise coloniale algérienne d’effacement de l’histoire millénaire avec un grand H et de falsification de l’histoire contemporaine, malgré l’occupation militaire algérienne du Sahara central, anciens territoires militaires français, qui s’est faite, à partir des années quatre-vingt, sur le modèle de l’empire colonial français mais en pire. Cette conscience de la vérité historique au long cours est la raison d’être de la répression et de l’empêchement de toute expression démocratique qui soit, la seule voie ouverte et parfois concédée par Alger étant celle de la corruption, du lavage de cerveau par le mensonge et l’omission et celle de l’embrigadement accompagnée de la possibilité de croupir dans une geôle moyenâgeuse au mieux au pays démocratique et populaire, ce paradis terrestre des droits de l’homme et de la liberté d’expression où chacun peut cultiver son jardin dans sa palmeraie entre pollution planétaire des hydrocarbures et ombre menaçante des miradors déployés en plus grand nombre que les hyènes, les rapaces et autres charognards tandis que la foggara, l’antilope et le dromadaire sont en voie d’extinction.

200 soldats pour cet exercice « bouclier du désert », quelle piètre armada que voici. Nous sommes loin des prestigieuses configurations stratégiques du Maghreb, c’est à dire du Maroc d’antan, comme « La bataille des Trois Rois, bataille de l’oued al-Makhazin ou bataille de l’Alcazar Kébir » en 1578 qui fut « une bataille décisive ayant mis fin au projet d’invasion du Maroc du roi portugais Sébastien Ier ». D’autres batailles victorieuses auront marqué l’Histoire du Maghreb sur terre et sur mer.

Totalitaire bananier

Pourquoi Alger emploie des forces « antiterroristes » dans cette exercice qui met en scène deux États ? Simplement, parce que ses troupes restreintes sont les seules vraiment contrôlées et plus ou moins fidèles génétiquement inféodées au régime puisque subissant un lavage de cerveau de type soviétique ou nazi décadent lumpen, la grande masse du soldat lambda algérien étant confrontée à des situations sociales, économiques et psychologiques désastreuses et gangrenées par les fléaux de l’autoritarisme, de la prostitution et de la consommation de stupéfiants et de drogues dures chimiques ou de synthèse.

Alger ne peut donc pas compter sur le gros des troupes car qu’elles sont composées d’« actifs » engagés ou de conscrits, nombreux à être victimes de maltraitance et du totalitarisme décadent du régime dictatorial bananier logés à la même enseigne que les différentes couches de la population d’un pays en faillite corrompu, répressif, pratiquant, depuis soixante ans, une politique de la terre brûlée. Déjà durant l’insurrection d’octobre 1988, sauvagement réprimée à balles réelles entre autres par les généraux-caporaux Nezzar et Lamari, les hommes de troupe sautaient par dessus le mur des casernes d’Alger pour rejoindre grossir le flot des manifestants.

À ces éléments de compréhension, nous ne manquerons pas de souligner l’extensibilité de cet algorithme défaillant à l’incompétence notoire des responsables et leur turn-over surréaliste chacun à un poste ne servant qu’à s’enrichir et à acheter les officionados et les thuriféraires de son clan, opérations ne consistant surtout pas à gérer des objectifs de meilleure performance et de développement d’un État délabré sans réelles institutions, subissant exode rural et fuite des cerveaux endémiques, sans monnaie digne de ce nom, et sans foi ni loi.

Encore un énième flop qui s’annonce dans un « pays » où le ridicule ne tue pas contrairement à l’honnêteté et à la compétence qui eux peuvent s’avérer dramatiques voire mortels. Quand, à laveille de la visite de la Première ministre et de quinze autres ministres du gouvernement français, un ministre du tourisme algérien vous explique, en live, que l’Algérie est le plus grand pays touristique du monde avec un potentiel de plus de 125 millions de touristes par an et cela grâce au Sahara, tout est dit. N’étant même pas capables d’en accueillir 50000. Le régime dictatorial d’Alger, toujours hors-sol.

Ainsi, il ne suffisait pas de bailloner le Touat, de détruire les Touaregs et leur écosystème, de déstabiliser la région sahélo-saharienne en y déployant des faux terroristes grossièrement manipulés et entraînés au sein de l’Anp et du Drs, sans oublier leur enfant illégitime, battu, mal éduqué que je ne citerai même pas. L’action se passe au Sahara tunisien à partir du jebel Chaambi, dans le Fezzan, au Nefoussa, en tripolitaine, en Lybie, au Tchad et au Niger par corrupteurs interposés, ministres ou officiers supérieurs porteurs de valises diplomatiques pleines à craquer de millions de pétro-euros, comme s’il ne suffisait pas d’avoir noyauté l’Adrar des Ifoghas, Gao et Tombouctou, au Mali, depuis des décennies, avec quelques faux jihadistes et vrais espions amateurs ringuards de la DRS (Direction du Renseignement et de la Sécurité de l’Anp). Ces 200 soldats voudraient-ils, pourraient-ils, encore semer la tempête et la désolation dans les provinces marocaines millénaires du Tafilelt, du Draa, de la Saoura, de la Tajakant (Tindouf), du Touat et de la Saguia el Hamra ? Encore moins du Jebel Sargho berceau de nombreuses tribus sanhaja touarègues notament sœurs des Aït Atta et des Yafelmen.

Pourtant l’histoire récente nous éclaire de ses lumières : un espoir pointe à l’horizon, à chaque Hassan, avec un grand H, son lot de récupération, d’apaisement et de développement d’une parcelle usurpée de l’empire chérifien.

Le transfert des paquets de données

En conclusion, optimisée avec le temps, la stratégie dynamique du général de Gaulle, au grand dam du maréchal Louis-Hubert Lyautey se retournant dans sa tombe, tourne toujours à plein régime. Elle façonne et conditionne, avant toute autre velléité de changement de doctrine, le paysage géopolitique du Maghreb, du Sahara et du Sahel. Alger demeure assignée à résidence coloniale. Un ministre algérien dira au Président Macron lors de sa première visite en 2017, à l’aéroport d’Alger, « bienvenue en France, monsieur le Président ». L’enfant adultérin né de la cuisse gauche de la France reste le meilleur défenseur des restes de l’empire français colonial, le sectateur hypocrite adorateur de ce que d’aucuns auront appelé la Françafrique ou plus précisément, la Françalgérie. Peut-être, aujourd’hui, algorithme de routage oblige, se profile la Françalgérierussie.



Abderrahmane Mekkaoui, politologue, Chekib Abdessalam, essayiste À lire, à diffuser et à publier avec nos remerciements

(1) ref : https://www.lejdd.fr/International/que-font-les-armees-algerienne-et-russe-a-la-frontiere-marocaine- 4147353



Aït Benhaddou, caravanserail, porte du Sahara oriental, patrimoine universel
ait-benhaddou

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